Insultes contre Vinicius : la justice espagnole ouvre une enquête

Vinicius retenu par son coéquipier Antonio Rüdiger dimanche à Valence   -  
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La justice espagnole a ouvert une enquête lundi, au lendemain des nouvelles insultes proférées contre Vinicius, l'attaquant brésilien du Real Madrid, lors d'un match du championnat d'Espagne de football, de nouveau confronté au fléau du racisme dans ses stades.

Le parquet de Valence, où la star brésilienne a été insultée dimanche lors d'un match de championnat perdu par le club merengue contre l'équipe locale (1-0), a, de sa propre initiative, ouvert des investigations pour un "délit de haine" présumé, a-t-on appris de sources judiciaires. Cette catégorie pénale inclut les insultes racistes.

Devant la presse, le président de la Fédération espagnole de football (RFEF), Luis Rubiales, a reconnu que le football espagnol avait "un problème de racisme", qui, a-t-il ajouté, "entache toute une équipe, tous les supporters, tout un pays".

La Fédération a également demandé l'adoption de "mesures plus vigoureuses", qui pourraient aller jusqu'à la fermeture de tribunes, voire de stades en cas de récidive, ainsi que la saisine de la Commission d'État contre la violence, la xénophobie et le racisme dans le sport.

De leur côté, le Real Madrid et l'AFE, principal syndicat des joueurs en Espagne, ont annoncé avoir déposé plainte auprès du parquet général espagnol - au niveau national - pour qu'une enquête soit ouverte sur ces insultes qui constituent juridiquement, selon le club, un "délit de haine".

En Espagne, c'est le "comité des compétitions", l'équivalent de la commission de discipline en France, qui est compétent en matière de discriminations dans le football.

Sur un plan plus politique, le gouvernement espagnol, par la voie de son ministre de la Consommation, Alberto Garzón, a réclamé "une réponse ferme" contre ce phénomène qui "montre que le racisme est très ancré chez certains groupes spécifiques de supporters (...)".

Ces propos et ces actes s'ajoutent aux nombreux soutiens reçus depuis dimanche soir par Vinicius, à l'exception notable du puissant et sulfureux patron de la Liga, Javier Tebas.

"Singe"

Dimanche au stade de Mestalla, à Valence, lors de la défaite du Real pour le compte de la 35e journée, l'attaquant merengue, régulièrement ciblé, s'est plaint d'avoir été qualifié de "singe" par des supporteurs adverses.

"Ce n'était pas la première fois, ni la deuxième ni la troisième. Le racisme est normal en Liga", a réagi sur Instagram le joueur brésilien, 22 ans, exclu en fin de rencontre après une échauffourée qui a vu son adversaire échapper à une sanction similaire.

L'Espagne, a-t-il ajouté, est "une belle nation, qui m'a accueilli et que j'aime, mais qui a accepté d'exporter au monde l'image d'un pays raciste. Désolé pour les Espagnols qui ne sont pas d'accord, mais aujourd'hui, au Brésil, l'Espagne est connue comme un pays de racistes".

Ses propos n'ont toutefois pas été du goût de Javier Tebas.

"Avant de critiquer et d'insulter la Liga, il serait nécessaire que vous vous informiez correctement", a-t-il cinglé, réfutant toute inaction de son instance.

Celle-ci, qui a mis en avant sa "réactivité" dans un communiqué, a assuré avoir transmis huit plaintes cette saison pour des incidents subis par Vinicius, dont une seule a débouché sur une sanction (pour des incidents à Valladolid mi-décembre). Elle s'est engagée à transmettre à la justice le résultat de son enquête si un nouveau "délit de haine" était avéré.

"Nous ne pouvons pas permettre que soit ainsi entachée l'image d'une compétition qui est surtout un symbole d'union entre les peuples, où plus de 200 joueurs de race noire (sic) dans 42 clubs reçoivent chaque jour le respect et l'affection de tous les supporters, et où le racisme est un cas extrêmement ponctuel (neuf plaintes) que nous allons éradiquer", a encore détaillé Javier Tebas lundi à la mi-journée sur Twitter.

"Impunité, complicité"

Insuffisant, a néanmoins jugé Carlo Ancelotti, l'entraîneur italien du Real. "Que s'est-il passé jusque-là? Des rapports qui n'ont abouti à rien (...). La solution, c'est d'arrêter le match."

Les soutiens à Vinicius ont afflué du monde entier.

A commencer par le Brésil, où le président de la Fédération, Ednaldo Rodrigues, a assuré sur les réseaux sociaux que Vinicius avait "l'amour de tous les Brésiliens".

"Nouvel épisode de racisme en Liga et une fois de plus Vini est la victime", a également déploré Ronaldo, la légende de la Seleçao. "Cela durera tant que l'impunité et la complicité" perdureront.

"Avec toi", a posté pour sa part Neymar.

Lors d'une conférence de presse à Hiroshima, au Japon, le président Luis Inazio Lula da Silva a lui aussi dénoncé le "racisme" subi par son jeune compatriote.

Hors du pays, la vedette du PSG Kylian Mbappé a également pris position. "Tu n'es pas seul. Nous sommes avec toi et te soutenons", a-t-il écrit en anglais sur Instagram.

Le club de Valence, hôte de l'incident, a assuré lundi qu'il avait d'ores et déjà identifié un supporter ayant proféré des insultes racistes dimanche et qu'il en cherchait d'autres. Le club a également promis qu'il allait "exclure à vie" les supporters identifiées du stade Mestalla.

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