Kenya : des réfugiés LGBTQ+ victimes de violations des droits humains

Photo d'illustration : des réfugiés ougandais homosexuels rentrent après avoir fait des achats de nourriture à Nairobi, au Kenya   -  
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Les personnes LGBTQ+ dans le camp de réfugiés de Kakuma, au Kenya, sont victimes de violations graves des droits humains, y compris de viols, affirment vendredi dans un rapport deux ONG, dont Amnesty International, pointant du doigt l'inaction des autorités.

Ce rapport met en lumière "la discrimination et la violence extrêmes" auxquels sont confrontés "plusieurs centaines" de personnes LGBTQ+ vivant dans ce camp qui accueille 200 000 réfugiés et demandeurs d'asile dans le nord-ouest du Kenya .

Elles se retrouvent victimes de "crimes de haine, des actes de violence, y compris des viols, et d’autres graves atteintes aux droits humains" , soulignent dans un communiqué Amnesty International et la National Gay and Lesbian Human Rights Commission (NGLHRC), ONG basée dans la capitale kényane Nairobi, qui ont interrogé 41 personnes entre 2018 et février 2023.

Parmi elles, Esther, lesbienne de 41 ans, a raconté avoir été violée deux fois en 2018 dans le camp, la première fois par deux hommes la menaçant d'un couteau et la deuxième fois par quatre hommes lors d'un cambriolage "en présence de son fils de sept ans" .

Ces violations sont commises "presque en toute impunité, compte tenu de l’inaction des autorités" , estiment les deux organisations, affirmant que le camp "n’est toujours pas sûr" pour les LGBTQ+.

"Alors que la Constitution protège la vie et la dignité de toutes les personnes, les demandeurs d’asile LGBTQ+ subissent une discrimination ainsi que le comportement homophobe ou transphobe de responsables gouvernementaux, de la police et d’autres services" , déclare Irungu Houghton, directeur exécutif d' Amnesty International au Kenya.

"Cela se traduit souvent par un retard dans le traitement de leur demande d’asile, par un harcèlement, de violentes attaques homophobes, des menaces, des actes d’intimidation, et par des possibilités très restreintes d’intégration dans le pays ou de réinstallation dans un pays tiers" , ajoute-t-il.

Amnesty International et la NGLHRC exhortent le gouvernement kényan à "garantir sans délai la sécurité physique et psychologique de toutes les personnes demandeuses d’asile ou réfugiées du camp" LGBTQ+ à Kakuma.

L'homophobie est répandue à travers l'Afrique de l'Est.  Au Kenya, l'homosexualité est un crime en vertu de lois datant de l'époque coloniale avec des peines pouvant aller jusqu'à 14 ans de prison.

Le président William Ruto , fervent chrétien évangélique, a déclaré début mars que les mariages homosexuels pouvaient "avoir lieu dans d'autres pays, mais pas au Kenya" . Pour lui, l'homosexualité est une importation occidentale que "les coutumes, les traditions, le christianisme et l'islam du Kenya ne peuvent autoriser" .

Le Kenya est toutefois, selon Amnesty et la NGLHRC, le seul pays d'Afrique de l'Est et de la Corne de l'Afrique à offrir "l'asile aux personnes qui demandent protection en raison de leur orientation sexuelle, de leur identité et/ou expression de genre et de leurs caractéristiques sexuelles" .

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