Ethiopie : l'Union Européenne s'inquiète du "très fragile espoir de paix"

Des soldats du gouvernement éthiopien utilisent des ânes pour transporter des objets non identifiés, dans la région du Tigré, dans le nord de l'Éthiopie, le 11 mai 2021   -  
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Ben Curtis/Copyright 2021 The Associated Press

L'Union européenne a déclaré que les frappes de drones sur la capitale de la région dissidente du Tigré, dans le nord de l'Éthiopie, mettent en danger "un espoir très fragile" de paix.

 "Les pourparlers de paix sont la seule façon d'avancer", a souligné le Service européen pour l'action extérieure dans un communiqué, appelant les deux parties à saisir l'occasion pour tenter d'arrêter la guerre. 

Vers 7 h 30 heure locale (4 h 30 GMT) mercredi, deux bombardements de drones ont touché une « zone d’habitation » de Makalé . Le bilan s'élève à « dix morts », a déclaré un responsable de l’hôpital Ayder , le plus important du Tigré , dans le nord de l’ Ethiopie . Le nombre de blessés avancé est de quatorze.

Un chirurgien du même hôpital a évoqué sur Twitter un bilan de dix morts et treize blessés. L’AFP n’a pu vérifier ces bilans auprès d’autres sources, les accès au Tigré, en guerre depuis novembre 2020, étant très restreints et les communications dans la région très difficiles.

Il s’agit, selon les autorités rebelles tigréennes, de la deuxième salve de frappes aériennes éthiopiennes sur Makalé en deux jours, après celle qui a touché mardi l’université de Makalé, faisant des blessés et endommageant des bâtiments. 

Pourparlers de paix

Dimanche, les autorités rebelles s’étaient dites prêtes à des pourparlers de paix sous l’égide de l’ Union africaine (UA). Une option qu’elles avaient jusqu’alors toujours rejetée, dénonçant la « proximité » de l’envoyé spécial de l’UA, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo avec le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed . Elles ont également fait savoir qu’elles étaient disposées à une « cessation des hostilités immédiate et mutuellement acceptée ». La communauté internationale a dans la foulée exhorté les belligérants à saisir cette « opportunité» de paix.

Après les bombardements de mercredi, Kindeya Gebrehiwot , un porte-parole des autorités rebelles issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), a sur Twitter accusé « le régime d’Addis [Abeba] » qui selon lui « continue de s’opposer à toute solution pacifique à travers des démonstrations de force et des raids aériens ». 

Le gouvernement éthiopien, qui n’a pas répondu aux accusations à propos des bombardements de ces derniers jours, a toujours affirmé ne viser que des cibles militaires au Tigré et accuse le TPLF de mettre en scène des morts de civils.

En fin de journée, le gouvernement éthiopien a assuré qu’il restait « engagé » dans le processus de paix piloté par l’UA et dit espérer que « l’Union européenne soutiendra les efforts visant à mettre pacifiquement un terme au conflit », à l’issue d’un entretien entre son vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Demeke Mekonnen , et une diplomate européenne.

Aide humanitaire interrompue

La reprise des combats dans le nord de l’Ethiopie, le 24 août, a fait voler en éclats cinq mois de trêve entre l’Ethiopie et ses alliés d’un côté, le TPLF de l’autre, chaque camp accusant l’autre de l’avoir provoquée. 

Des affrontements se déroulent au sud, à l’ouest et au nord du Tigré. Les rebelles accusent notamment les armées éthiopienne et érythréenne d’avoir lancé une offensive à partir de l’Erythrée, un pays qui borde le nord du Tigré et a déjà prêté main-forte aux forces fédérales pendant la première phase du conflit.

Ce retour de la violence a totalement interrompu l’acheminement routier et aérien de l’aide humanitaire au Tigré et dans les régions voisines de l’ Amhara et de l’ Afar dont les populations souffrent de la faim, selon l’ ONU . 

Le bilan de la guerre qui ravage le nord de l’Ethiopie depuis près de deux ans est inconnu.

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