Nigeria : ça chauffe entre Buhari et son vice-président

Refus de délégation de pouvoirs, dissolution d’institutions sous tutelle du vice-président, .... Autant d’indices pour déduire qu’entre le chef de l‘État nigérian Muhammadu Buhari et son second Yemi Osinbajo, le torchon brûle. Avec quelles conséquences ?

Muhammadu Buhari est depuis le début de ce mois en séjour privé à Londres. Si les raisons ne sont pas encore révélées, ce voyage n’est pas sans rappeler le protocole auquel s’est toujours soumis le chef de l‘État nigérian en matière d’exercice du pouvoir en son absence.

Dès les premières heures de son premier mandat (2015-2019), c’est le vice-président Yemi Osinbajo assurant l’intérim, qui était doté de tous les pouvoirs lorsque le chef de l‘État était hors du pays pour des missions officielles ou privées.

Mais aujourd’hui, Buhari semble expérimenter une nouvelle donne. Très récemment, par exemple, c’est le chef de son cabinet, Abba Kyari qui l’a suivi dans la capitale britannique pour lui faire signer la loi amendée sur le partage des revenus pétroliers.

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En octobre dernier, l’actuel locataire du Palais présidentiel Aso-Rock Villa d’Abuja a dissous un conseil consultatif sur l‘économie, organe sous tutelle de la vice-présidence en lieu et place d’un nouveau comité qui lui rendra compte directement.

Il y a aussi le long séjour londonien de Buhari en 2017. Selon des observateurs, Yemi Osinbajo n’avait aucune prérogative de président durant les quelque cinq mois passés à Londres par l’ancien général d’armée âgé de 76 ans.

Osinbajo représentera-t-il l’APC à la présidentielle de 2023 ?

Et pour couronner le tout, des cadres nommés par Osinbajo ont été évincés par Buhari de leurs fonctions. C’est le cas de Mathew Seiyefa éjecté de la direction des services de renseignements et de Walter Onnoghen démis de ses fonctions de président de la Cour suprême.

Abordé par la presse locale, le conseiller à la communication de Buhari, Femi Adesina, s’est abstenu de tout commentaire. Quant au porte-parole d’Osinbajo, Laolu Akande, il n’a pas encore répondu aux appels téléphoniques de journalistes.

Toutefois, ces décisions, dont la légalité et la légitimité sont aujourd’hui en débat rendent très ostensible l’inimitié entre les deux hommes forts d’Abuja. Eux qui ont conquis le pouvoir en 2015 sur la base d’un quasi-irréprochable « je t’aime, moi non plus ».

De là à compliquer la tâche au Congrès de tout le progrès (APC, parti au pouvoir) dans la désignation du dauphin de Buhari lors de la présidentielle de 2023 à laquelle le natif de Daura (nord) ne devrait plus se présenter en vertu de la constitution qui limite à deux le nombre de mandats.

D’après un arrangement tacite au sein de l’APC, c’est un ressortissant du Sud du pays et chrétien qui devrait défendre les couleurs du parti lors des joutes électorales à venir. Des critères auxquels obéit Yemi Osinbajo (62 ans), chrétien et natif de l‘État de Lagos au Sud.
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