Cameroun : répression de la mutinerie de détenus politiques et séparatistes anglophones

Les forces de sécurité camerounaises sont intervenues dans la nuit de lundi à mardi pour empêcher une évasion de détenus de la prison centrale de Yaoundé qui protestaient contre leur détention en saccageant et incendiant des parties du pénitencier, a appris l’AFP de sources concordantes.

“Il y a eu des tirs toute la nuit. C‘était comme un feu d’artifice. Les tirs ont cessé à un moment”, a déclaré à l’AFP un riverain, confirmant des informations relayées sur les réseaux sociaux. 

Ces coups de feu tirés par les forces de sécurité visaient à empêcher des détenus de s‘évader. Beaucoup se sont révoltés dans la nuit, saccageant et incendiant des services de l’administration pénitentiaire, selon des sources concordantes.  

Une vidéo tournée pendant les incidents de la nuit montre des détenus de la zone anglophone exultant après cette mutinerie dont le bilan officiel n‘était pas connu dans l’immédiat. 

Calme revenu

Mardi matin, les violences semblaient avoir cessé dans la prison, le calme prévalait aux abords du pénitencier, a constaté un journaliste de l’AFP. Un cordon de sécurité tenu par des militaires et policiers était sur place. L’axe menant à l’entrée principale de la prison était bloqué à la circulation. 

Beaucoup de détenus de la prison centrale de Yaoundé, opposants politiques et séparatistes anglophones, avaient commencé à manifester lundi après-midi, diffusant en direct sur Facebook leurs revendications, portant autant sur le changement de leur ration alimentaire que sur leur exigence de libération.

Surpeuplée, la prison centrale de Yaoundé, connue sous le nom de Kondengui, accueille de nombreux militants de la cause anglophone arrêtés parfois dès l‘éclatement de la crise en 2016. Certains ont été condamnés à de lourdes peines de prison, d’autres attendent toujours d‘être jugés.

Les régions anglophones du du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont confrontées à une violente crise socio-politique depuis près de trois ans qui a dégénéré en conflit armé, soldats et séparatistes s’affrontant régulièrement. 

Outre cette crise, le Cameroun fait face à des tensions politiques depuis la tenue de la présidentielle d’octobre 2018. 

Les résultats de ce scrutin remporté par Paul Biya, 86 ans et au pouvoir depuis 1982, sont contestés par le principal opposant, Maurice Kamto, classé officiellement deuxième au terme de cette élection. M. Kamto est écroué depuis janvier, de même qu’une multitude de ses partisans et soutiens, arrêtés à la même période que lui et les mois suivants.

AFP
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