Lutte contre la dépigmentation : « Back to Black », un challenge qui tisse sa toile

Le blanchiment de la peau, un phénomène d’ampleur en Afrique subsaharienne. Aux campagnes initiées par certains gouvernements, une nouvelle initiative pourrait permettre de freiner la tendance devenue, dans certains pays, un véritable problème de santé publique.

Sur son compte Facebook, la célèbre artiste camerounaise Mani Bella n’en lâche pas une miette. Entre deux posts relatifs à la promotion d’un nouveau single ou d’une prestation dans une salle de spectacle, l’auteure du titre à succès Pala Pala attire l’attention sur les effets néfastes du « Djansang », homonyme camerounais du blanchiment de la peau.

Si elle y accorde une attention particulière, c’est parce que l’artiste dit avoir elle-même expérimenté cette technique corporelle et n’en a tiré que des désagréments. Et elle le sait, en tant qu’artiste adulée et influenceuse, elle a des cartes pour attirer l’attention de ses fans et au-delà. Lundi 18 juillet, Mani Bella postait une lettre ouverte destinée aux promoteurs et fabricants de produits éclaircissants. « Frères et sœurs chimistes, il est temps de valoriser la couleur noire. Rendez-la forte, belle, souple et brillante. Misez sur des compositions à base de produits bio qui consisteront à rendre nos peaux ébène », a-t-elle notamment plaidé, après avoir énuméré les inconvénients liés à l’utilisation de produits éclaircissants.

« Loin de moi l’envie de vous combattre ou encore de faire perdre de l’argent à vos structures. NOOOON... Je suis juste une femme qui a longtemps été dans cette spirale de blanchiment de la peau. Une femme qui a renié ses origines africaines, sa couleur de peau à cause de l’influence de vos publicités et de vos standards et critères de beauté. Aujourd’hui, je ne sais pas par quel miracle, j’ai compris que ces produits font du mal à la mélanine. Ces produits souillent l’Afrique noire ! », a-t-elle par ailleurs ajouté.

Phénomène insistant

Aujourd’hui, la jeune artiste s’est engagée à n’utiliser que des produits non-agressifs sur sa peau, suscitant une vague de réactions encourageantes sur ses réseaux sociaux. Selon la presse camerounaise, l’autre star du Bikutsi, Coco Argentée a elle aussi rejoint le combat de sa consœur. Ailleurs, en Côte d’Ivoire, l’artiste coupé-décalé Claire Bailly a reconnu lors d’une émission radio courant mai, qu’elle avait elle-aussi cédé aux sirènes de la dépigmentation. Décidera-t-elle aussi de revenir à son teint d’origine. Pas d’engagement à ce niveau. Mais la star ivoirienne a appelé ses sœurs à éviter les produits nocifs afin de préserver leur santé.

En Afrique, alors que le courant Nappy, pour un retour à la chevelure naturelle, fait mouche, la question du blanchiment de la peau est loin d’avoir été traitée en profondeur. Certes certains pays comme la Côte d’Ivoire, le Rwanda, le Kenya, l’Afrique du Sud, ou encore le Ghana ont interdit l’utilisation et la vente de produits éclaircissants, mais dans les faits, les faibles législations ainsi que la porosité des frontières douanières participent à l’insistance du phénomène.

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