En Afrique du Sud, le rêve arc-en-ciel se fait attendre

L’Afrique du Sud, qui renouvelle mercredi ses députés, reste, 25 ans après la fin de l’apartheid et l’arrivée au pouvoir du Congrès national africain (ANC), une des sociétés les plus inégalitaires du monde, gangrénée par la corruption.

Un demi-siècle de ségrégation raciale

Officialisant la domination de la minorité blanche, l’apartheid, instauré en 1948 par le Parti national, institutionnalise une ségrégation raciale pratiquée depuis le 17e siècle par les premiers colons néerlandais, puis par les Britanniques.

Fondé en 1912 pour défendre les intérêts de la majorité noire, l’ANC est interdit en 1960 après le massacre de Sharpeville, où 69 manifestants sont tués par la police, et ses dirigeants incarcérés en 1964.

En 1976, la répression du soulèvement du township de Soweto fait plus de 500 morts. La communauté internationale prend des sanctions contre le régime blanc.

Mandela

En 1990, Nelson Mandela, figure de la lutte contre l’apartheid, est libéré après 27 ans de prison. Les dernières lois racistes sont abolies et une transition démocratique s’engage.

En 1994, Mandela devient le premier président noir, après la victoire de l’ANC aux premières élections multiraciales.

En 1999, il se retire de la vie politique, laissant son parti englué dans des querelles intestines et les scandales qui culminent en 2018 avec la démission du président Jacob Zuma.

Son successeur, Cyril Ramaphosa, promet de lutter contre la corruption, mais les affaires impliquant membres du gouvernement et du parti s’accumulent, exacerbant les rivalités au sein du parti au pouvoir.

Inégalités

Un quart de siècle après la fin de l’apartheid, les inégalités persistent dans la nation “arc-en-ciel” rêvée par Nelson Mandela, mort en 2013. L’Afrique du Sud est devenue “l’un des pays les plus inégalitaires du monde”, selon la Banque mondiale.

Entre 2011 et 2015, 3 millions de Sud-Africains supplémentaires ont basculé dans la pauvreté.

Malgré l‘émergence d’une classe moyenne, 20 % des foyers noirs vivent dans une extrême pauvreté contre 2,9 % des foyers blancs, selon l’Institut sud-africain des relations entre les races (IRR).

La question de la redistribution des terres reste sensible, avec une large majorité des terres toujours détenues par les fermiers blancs.

La croissance, stoppée par la crise financière de 2008, n’a pas dépassé 0,8 % en 2018. Le taux de chômage atteint 27 % et 53 % chez les jeunes, selon l’Institut national des statistiques (Statistics South Africa).

Les licenciements se multiplient dans les banques et les mines (platine, or, charbon, diamants). Ces dernières ne rapportent plus que 7 % de la richesse nationale, contre 21 % dans les années 1980.

Le pays connaît une insécurité endémique, avec plus de 20.000 homicides en 2018, soit 57 meurtres par jour.

Avec 7,1 millions de séropositifs (18,9 % de la population adulte), l’Afrique du Sud est le pays le plus touché au monde par le sida, selon l’Onusida.

Tourisme et littérature

Située à l’extrémité sud du continent, baignée par l’océan Atlantique et l’océan Indien, l’Afrique du Sud est une destination touristique réputée pour ses plages, ses vignobles et ses réserves animalières. Le tourisme représente environ 9 % du PIB.

Le pays compte trois capitales: administrative à Pretoria (nord), législative au Cap (sud-ouest) et judiciaire à Bloemfontein (centre). Johannesburg, centre des affaires, est sa plus grande agglomération.

L’Afrique du Sud a donné naissance à de grands écrivains, plusieurs d’entre eux très engagés contre l’apartheid, comme Nadine Gordimer, prix Nobel de littérature décédée en 2014, ou André Brink auteur d’“Une Saison blanche et sèche”, mort en 2015.

Parmi les autres célébrités originaires d’Afrique du Sud, l’entrepreneur Elon Musk ou l’actrice Charlize Theron.
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