Sénégal : Abdoulaye Wade s'oppose à la tenue de la présidentielle

L’ex-président sénégalais Abdoulaye Wade (2000-2012) a appelé mardi la population à s’opposer pacifiquement à la tenue le 24 février d’une présidentielle “verrouillée” pour reconduire son successeur Macky Sall.

Dans une vidéo diffusée trois jours après le début de la campagne officielle, Abdoulaye Wade a dénoncé l‘élimination par le Conseil constitutionnel, “sous des prétextes fallacieux”, des “deux candidats qui pouvaient faire de l’ombre au président sortant”, son propre fils Karim et l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall, tous deux frappés par des condamnations judiciaires.

“Nous avons choisi de nous opposer à la tenue d’une élection entièrement fabriquée dans le seul but de faire réélire le président sortant”, a déclaré dans cette vidéo M. Wade, 92 ans, dans laquelle il évoque son prochain retour au Sénégal, annoncé pour jeudi par son entourage, mais sans confirmer la date.

Après avoir dressé un sévère réquisitoire contre son successeur, accusé d’avoir instauré un régime d’une “gloutonnerie financière sans précédent” et d’avoir mis la magistrature à son service, M. Wade a appelé les Sénégalais à “faire en sorte qu’il n’y ait pas de scrutin”.

“Notre action sera pacifique, respectueuse de la loi et des règlements”, a-t-il toutefois souligné, en expliquant que la formation qu’il a fondée, le Parti démocratique sénégalais (PDS, libéral), préparait avec d’autres tendances de l’opposition un “programme d’actions d’ici au 23 février, dans la journée du 24 février et au-delà”.

Un système de parrainage dénoncé

L’ex-président a également dénoncé le système de parrainage généralisé instauré pour cette élection, dont n’ont émergé, outre Macky Sall, que quatre candidats: l’ex-Premier ministre Idrissa Seck, l’ex-ministre Madické Niang, et deux députés élus en 2017, l’ancien haut fonctionnaire Ousmane Sonko et Issa Sall, chef d’un parti proche de la mouvance religieuse.

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M. Wade, qui vit habituellement en France, a demandé à Macky Sall de “surmonter son entêtement” en revoyant les règles du jeu et en instaurant une “Commission nationale de transition démocratique”, quitte à reporter “si nécessaire” le scrutin pour discuter avec l’opposition.

En visant une réélection “au premier tour”, Macky Sall a créé “de graves dangers de déstabilisation du Sénégal dans la violence”, a dit l’ancien président, en citant l’exemple de la Côte d’Ivoire, du Burundi, ou de la République démocratique du Congo, où des heurts électoraux ont fait des centaines, voire des milliers de morts.

Une coalition de l’opposition comprenant la plupart des candidats éliminés par le système de parrainage a lancé le 21 janvier un appel à la “confrontation” et la “mobilisation” contre le “plan de réélection frauduleuse de Macky Sall au premier tour”, resté sans écho.

Déjà en 2015, Abdoulaye Wade, battu au second tour en 2012 par Macky Sall, avait évoqué ce type de scénario en cas de condamnation de son fils Karim, sans parvenir à mobiliser les foules.

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AFP
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