Cameroun : des ouvriers d'une société d'Etat amputés dans le sud-ouest

Le climat de terreur s’entretient dans les régions anglophones du Cameroun. Dans la soirée de jeudi, des ouvriers agricoles d’une plantation étatique ont été surpris par des hommes armés qui les ont martyrisés. L’oeuvre serait des sécessionnistes selon les autorités.

David Epie, ouvrier agricole de 43 ans n’a plus que quelques doigts sur les mains. Amputé, il a été victime, comme certains de ses collègues, d’une attaque alors qu’il travaillait dans une plantation de caoutchouc gérée par l’Etat dans la ville de Tiko, dans la région anglophone du sud-ouest. C’est la deuxième attaque du genre en moins de deux semaines dans cette ville du Cameroun. Lundi, sept employés de la plantation ont également vu leurs doigts sectionnés par des hommes armés.

Selon les autorités de la région qui ont donné l’information ce vendredi, l’identité des auteurs de l’attaque ne fait aucun doute. Il s’agit des sécessionnistes anglophones qui réclament un Etat indépendant pour les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest au gouvernement camerounais.

“Nous ne pouvons pas permettre à des groupes de terroristes de continuer à troubler la paix dont nous avons cruellement besoin dans cette région”, a déclaré Bernard Okalia Bilai, gouverneur du Sud-Ouest. “Ils vont de ferme en ferme, terrorisant les agriculteurs et les travailleurs … ils doivent payer pour les crimes qu’ils commettent”, a-t-il ajouté, assurant qu’il avait ordonné à l’armée camerounaise de se lancer à la poursuite des suspects.

Crise recherche désespérément solution

La crise sociale dans les régions anglophones a dégénéré en un conflit armé lorsque les militants séparatistes ont pris les armes pour réclamer l‘équité avec les régions francophones, puis la création d’un Etat indépendant. Se refusant à tout dialogue, Yaoundé a maintenu la répression contre ces militants, faisant de nombreux morts de part et d’autre, mais aussi dans les rangs des civils.

Les séparatistes, eux, interdisent aux populations anglophones de se mêler aux activités de l’Etat, notamment d’aller à l‘école ou encore de travailler dans les sociétés de banane, de palmier à huile ou de cacao appartenant à l’Etat. Dans le même ordre d’idées, plusieurs routes ont été abîmées par les militants anglophones, ainsi que des écoles ou entreprises incendiées, leurs personnels enlevés ou tués.

Ces nouvelles tensions en région anglophone interviennent dans la foulée de la reprise jeudi du procès à huis-clos de leaders sécessionnistes emprisonnés depuis une dizaine de mois pour l’organisation d’un mouvement sécessionniste.

Réélu il y a moins de deux semaines à un septième mandat consécutif, le président Paul Biya n’a pas encore dévoilé son plan pour mettre un terme au conflit anglophone, évoquant tout simplement dans son programme de campagne qu’il s’engageait à garantir la paix et la sécurité à tous ses compatriotes.
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