Afrique du Sud - Réforme foncière : Pretoria mécontent de l'ingérence de Trump

En appelant à une enquête sur la politique d’expropriation sans indemnisation en cours en Afrique du Sud, le président des États-Unis s’est attiré les foudres du gouvernement. Pour Pretoria, la déclaration de Donald Trump rappelle le douloureux passé colonial du pays.

« J’ai demandé au secrétaire d‘État @SecPompeo d‘étudier de près les saisies de terre et de fermes, les expropriations et les meurtres de grande ampleur de fermiers en Afrique du Sud », a écrit hier le président des États-Unis, Donald Trump.

Seulement voilà. Il n’a fallu que quelque 24 heures pour que Pretoria réplique. « L’Afrique du Sud rejette totalement cette vision étroite qui ne vise qu‘à diviser la nation et à nous rappeler notre passé colonial », peut-on lire sur le compte Twitter du gouvernement sud-africain.

Quelques mois avant les élections générales prévues l’année prochaine, des observateurs voient en cette politique une opération de charme de Cyril Ramaphosa. Pour le président sud-africain, il est question de « réparer l’injustice historique grave », allusion sans doute faite aux discriminations multiformes, dont foncières commises par le régime  d’apartheid.

South Africa totally rejects this narrow perception which only seeks to divide our nation and reminds us of our colonial past. #landexpropriation realDonaldTrump PresidencyZA— South African Government (@GovernmentZA) 23 août 2018

De là à afficher une certaine opiniâtreté dans la mise en œuvre de sa politique foncière. « L’Afrique du Sud va accélérer le rythme de la réforme d’une façon prudente et inclusive qui ne divise pas la nation. Aujourd’hui, la minorité blanche, qui représente 8 % de la population d’Afrique du Sud, possède 72 % des fermes contre 4 % seulement  pour les Noirs (80 % de la population) », constate Pretoria.

South Africa will speed up the pace of land reform in a careful and inclusive manner that does not divide our nation. #landexpropriation realDonaldTrump PresidencyZA— South African Government (@GovernmentZA) 23 août 2018

La deuxième incartade trumpiste envers l’Afrique

Et la toile n’a pas tardé à s’enflammer. De nombreux internautes ont réagi négativement à la déclaration du dirigeant américain. Ainsi qu’en témoignent les réponses au tweet de Donald Trump.

Keep your America we will keep our South African affairs.. keep building walls .. we as South African Black we need our stolen land back.. Go to hell with your America and fake stories fend by racesist white settlers— Sibongiseni Mathebula thebulazi (@Sibongisen2) 23 août 2018

Quelque huit mois après la fameuse et tristement célèbre polémique sur l’affaire dite « Pays de merde », Donald Trump pourrait encore se mettre à dos toute une Afrique visiblement lassée d‘être quotidiennement et copieusement rapetissée.

À moins que, pendant sa tournée africaine prévue en octobre prochain, son épouse Melania fasse preuve de véritable contrition pour dissiper le malaise.

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