Au Kenya, le président Kenyatta en campagne contre la corruption

La Journée internationale de la jeunesse célébrée ce dimanche a été un prétexte de plus pour le chef de l’Etat kényan Uhuru Kenyatta de militer contre la corruption dans son pays. Un message certes empreint de rigueur, mais qui peine à convaincre.

Face aux jeunes rassemblés dans la ville de Kisii, à l’ouest du Kenya, le message du dirigeant kényan était sans équivoque : aucune tolérance pour les corrompus. Il a dès lors invité les jeunes Kényans à traduire en justice toutes les personnes qui s’adonneraient à la corruption.

Une logique dans laquelle Nairobi semble s‘être inscrite ces dernières semaines. En effet, de nombreux fonctionnaires ont été arrêtés sur des soupçons de détournement de fonds, dont l’un dans le cadre de la construction du chemin de fer Nairobi – Mombasa.

“Le pouvoir est entre vos mains pour mettre fin à ce vice dans ce pays”, a déclaré le président Kenyatta.

Traiter le mal à la racine

Bien qu’empreint de rigueur, l’appel du président kényan a été accueilli avec scepticisme, d’autant plus que la police, où doivent être conduits corrompus et corrupteurs, est connue pour être elle-même notoirement corrompue.

La Commission de la police nationale chargée d‘éliminer depuis 2012 les mauvaises graines au sein de l’institution a été critiquée pour ne pas avoir suffisamment réformé la force de 99 000 personnes.

La corruption est considérée comme un mal endémique au Kenya et l’actuel régime au pouvoir est accusé d‘être le plus corrompu de toute l’histoire du Kenya depuis son indépendance de la Grande-Bretagne en 1963. Si depuis son second mandat débuté en 2017 Uhuru Kenya semble décidé à mettre un point d’honneur sur la lutte contre la corruption, la méthode fait tout de même débat.

C’est notamment le cas des tests de détection de mensonges pour tous les responsables des achats et des comptes dans les ministères, départements et agences du gouvernement dont la fiabilité peine à convaincre.

Pour beaucoup, il serait désormais temps que le Kenya traite la corruption à la racine avec des propositions politiques solides pour toute l’administration.

“Mesurer le succès de la lutte contre la corruption en utilisant simplement les poursuites est problématique car il ne traite pas des incitations systémiques à la corruption. Ces incitations dépassent largement la capacité du Kenya à punir la corruption”, suggère Patrick Gathara, commentateur politique et caricaturiste kényan.

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