Mali : la présidentielle de tous les défis

Une situation socio-économique pas trop reluisante, une situation sécuritaire des plus inquiétantes en raison de la menace jihadiste au nord et au centre… C’est un Mali quasiment suffocant qui organise le 29 juillet prochain son élection présidentielle. Et pour quels changements ?

Meetings, conférences de presse, œuvres de charité, .... Depuis l’ouverture le 7 juillet de la campagne électorale, les 24 candidats dont le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et le principal opposant et challenger Soumaïla Cissé ne lésinent pas sur les initiatives afin de remporter la présidentielle dont le premier tour est prévu le 29 juillet.

Et ce vendredi, à peine quelque 8,5 millions de Maliens (voire moins) pourraient se présenter devant les bureaux de vote. Si l’on s’en tient aux chiffres officiels de 2016, la population malienne est estimée à 17,8 millions d’habitants.

Ce qui veut dire que près de 9 millions de Maliens rateront ce cinquième rendez-vous électoral depuis la première élection présidentielle de 1992 remportée par Alpha Oumar Konaré après une transition d’un an survenue après la chute de Moussa Traoré qui avait régné sans partage sur le Mali pendant plus de 20 ans.

Ventre affamé, oreilles bouchées

Si l‘ère Traoré est bien loin derrière les Maliens, les chiffres inhérents à l‘élection du 29 juillet dissimulent mal plusieurs défis non moins importants. Notamment la participation de la population en raison du désintéressement, et même de la résignation de tout un peuple visiblement dépassé par une classe politique qui peine depuis les indépendances, à proposer des solutions idoines aux problèmes socio-économiques.

En dépit d’une croissance économique dont le taux oscille entre 5 et 6 % ces cinq dernières années, le taux de chômage des jeunes serait d’après des estimations de 20 %. Assez pour justifier le « dégoût pour la politique, car on a besoin d’emplois et non de beaux discours », selon Idrissa Soumaré, un commerçant malien résidant au Congo.

Et si la bonne gouvernance ne se résume pas à la création d’emplois et l‘érection des infrastructures, la corruption, l’impunité, les injustices, et bien d’autres antivaleurs sont souvent pointées comme de principaux freins au développement de ce vaste pays d’Afrique de l’Ouest avec 1,24 million de km².

Or, en rêvant de la magistrature suprême, chacun des 24 prétendants à la présidentielle du 29 juillet devrait faire feu de tout bois pour proposer une alchimie sécuritaire des plus rassurantes.

La sécurité, une denrée aussi précieuse que l’or

Si grâce à la France par le biais des opérations militaires « Serval » (2013-2014) puis « Barkhane » (en cours) appuyée par la Mission des nations unies au Mali (MINUSMA) et le G5 Sahel, le nord du Mali tombé aux mains des groupes jihadistes en 2012 a été repris, les attentats suicides et attaques de terroristes ne connaissent pas de répit. Une centaine de Casques bleus ont déjà péri au Mali du fait des opérations meurtrières et terroristes des jihadistes.

Pas seulement le nord du Mali. Ces violences se sont étendues vers le centre et le sud du pays. Y compris dans des pays voisins comme le Burkina Faso, et le Niger. Des violences qui pourraient exacerber des conflits intercommunautaires.

L’application de l’accord de 2015 entre le gouvernement, les groupes loyalistes et les ex-rébelles du nord du Mali devrait aussi figurer dans le chapelet des challenges du futur président.

IBK (73 ans) qui brigue un deuxième mandat « par amour du pays » sait donc ce qu’il doit dire et faire pour régner encore pendant cinq ans. Idem pour les 23 autres prétendants dont Soumaïla Cissé (68 ans), « l’espoir du Mali », qui tient lui aussi à goûter aux délices du Palais présidentiel de Koulouba. Ils ont jusqu’au 27 juillet (date de la fin de la campagne) pour convaincre et répondre aux attentes des populations.

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