Crise anglophone au Cameroun : escalade des violences à 5 mois des élections

La violence dans la crise anglophone au Cameroun a connu un nouveau pic ces derniers jours. La situation est inquiétante et interpelle quant à la tenue des élections censées se tenir en octobre 2018.

Difficile d’oublier les scènes horribles du carnage de Menka ce week-end. Selon un bilan officiel, l’offensive des forces camerounaises contre un groupe de sécessionnistes qui auraient pris en otage un village – s’adonnant à des viols et kidnapping – a fait 32 morts. Mais le bilan serait plus lourd si l’on s’en tient à des témoignages indépendants.

Depuis le début de la crise anglophone – du nom du conflit qui oppose le gouvernement camerounais à des activistes sécessionnistes des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest – c’est la première fois qu’autant de morts sont comptabilisés en une seule journée.

Au Cameroun, les images de la scène ont suscité une onde de choc, accusant parfois le gouvernement d’avoir exécuté des populations civiles. Mais Yaoundé est formel, aucune des personnes ciblées par l’armée n‘était civile et innocente. Issa Tchiroma Bakary, le ministre camerounais de la Communication et porte-parole du gouvernement assure que le commando “terroriste” était responsable des assassinats de gendarmes dans la région.

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Des élections dans l’incertitude

Des dizaines d’assassinats de gendarmes ont été, en effet, répertoriés dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, siège d’une insurrection de militants sécessionnistes qui exigent de Yaoundé la partition du pays en deux Etats : un francophone et un autre anglophone. Une option à laquelle sont radicalement opposées les autorités camerounaises qui prônent un Cameroun certes bilingue, mais unifié à l’image du Canada.

Si les sécessionnistes se disent aujourd’hui favorables à un dialogue avec Yaoundé, aucun geste d’apaisement n’est visible dans les deux camps qui campent sur leurs positions. Le gouvernement est prêt à défendre vaille que vaille l’intégrité de la nation, tandis que les sécessionnistes refusent de déposer les armes et semblent prêts à mourir pour leurs aspirations. Sans dialogue en vue, aucun facilitateur n’a été sollicité pour concilier les deux camps.

C’est dans cette atmosphère de mi-guerre que le Cameroun s’apprête à aller à des élections présidentielle et générales prévues en octobre 2018. Le vote dans les zones en conflit interpelle du fait de l’insécurité qui y règne, avec des enlèvements et meurtres à répétition. Si des élections devaient s’y tenir dans les conditions actuelles, elles pourraient bien souffrir d’un manque de crédibilité et d’un manque de représentativité.

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