Liberia : George Weah entre dans l'histoire

Enfant des bidonvilles de Monrovia devenu star planétaire du foot dans les années 1990, George Weah réalise le rêve de sa seconde vie en prêtant serment lundi comme président du Liberia, 15 ans après la fin de sa carrière et de la guerre civile.

A 51 ans, l’ex-attaquant vedette du PSG et du Milan AC succède à Ellen Johnson Sirleaf, 79 ans, première femme élue chef de l’Etat en Afrique.

Au lendemain de sa large victoire au second tour de l‘élection présidentielle le 26 décembre, avec 61,5% des voix, face au vice-président sortant Joseph Boakai, il s’est engagé à “transformer la vie de tous les Libériens”. Pour y parvenir, George Weah, élevé par sa grand-mère à Gibraltar, un bidonville de Monrovia, a promis le 30 décembre “une gouvernance publique en faveur des plus pauvres”.

Issu de l’ethnie kru, une des principales du pays, il est seulement, après Samuel Doe (1980-1990), le deuxième président de la plus ancienne république d’Afrique à ne pas appartenir à l‘élite “américano-libérienne” descendant d’esclaves affranchis qui y domine la vie politique depuis 170 ans. “C’est une histoire incroyable”, a déclaré l’entraîneur Arsène Wenger au début du mois, retrouvant dans ce destin “la force mentale de George : il a toujours été convaincu qu’il avait une mission” à accomplir.

Pendant la guerre civile qui a fait quelque 250.000 morts entre 1989 et 2003, déclenchée par la rébellion contre Samuel Doe de l’ancien chef de guerre et président Charles Taylor (1997-2003), George Weah était largement absent du pays.

‘Pleurer pour le Liberia’

Seul Africain à avoir remporté le Ballon d’or, en 1995, il entre en politique à la fin du conflit. “Je ne pensais pas qu’il pourrait devenir président”, a confié Arsène Wenger, qui se souvient néanmoins l’avoir “vu pleurer quand la guerre faisait rage au Liberia”.

Pendant la guerre civile, Weah avait appelé l’ONU à sauver le Liberia. En représailles, des rebelles de la milice de Charles Taylor avaient brûlé sa maison de Monrovia et pris en otage deux de ses cousines.

Adulé des jeunes, George Weah est pourtant battu au second tour de la présidentielle de 2005 par Ellen Johnson Sirleaf, puis comme candidat à la vice-présidence en 2011. Son parti criera alors en vain à la fraude.

Lors d’une réunion de levée de fonds à New York en 2012, Mme Sirleaf confiera avoir appris que certaines commerçantes de Monrovia avaient confisqué nuitamment les cartes d‘électeurs de leurs fils pour les empêcher d’aller voter pour des candidats plus jeunes… comme George Weah.

Force tranquille

Cette fois, alors que ses adversaires épuisaient tous les recours juridiques possibles pour faire annuler les résultats du premier tour, le 10 octobre, obtenant le report du second tour de sept semaines, “Mister George”, sûr que son heure était venue, a exhorté ses partisans à la patience et au calme. Car depuis ses débuts en politique, il assure avoir “gagné en expérience” et appris de ses échecs.

En décembre 2014, George Weah remporte son premier mandat en devenant sénateur, distançant très largement l’un des fils de Mme Sirleaf.

A l‘élection de 2017, son choix comme colistière de l’influente sénatrice Jewel Howard-Taylor, ex-épouse de Charles Taylor, condamné en 2012 par la justice internationale à 50 ans de prison pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre en Sierra Leone voisine, suscite les interrogations.

Mais, tout en rappelant que la grande majorité des candidats ont eu partie liée avec l’ancien président, il assure n’entretenir aucun contact avec lui.

George Weah a vu sa vie basculer une première fois en 1988, à l‘âge de 22 ans, lorsque Arsène Wenger, alors entraîneur de Monaco, le déniche au Tonnerre Yaoundé, au Cameroun. 

Pendant 14 ans, l’attaquant de génie évolue dans les plus grands clubs européens : Monaco, Paris SG et Milan AC, à l’apogée de sa carrière, puis Chelsea, Manchester City, Marseille. Des clubs qui lui permettent d’amasser une fortune considérable.

Mais, il a gardé ses attaches dans la banlieue de Monrovia, où il tape encore le ballon avec des amis.

AFP
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