La St Sylvestre 2017 cadenassée par les autorités de Kinshasa

Les forces de sécurité de République démocratique du Congo (RDC) ont réprimé dimanche, 31 décembre des messes dans des églises à coups de gaz lacrymogène, et empêché des marches après l’appel des catholiques à manifester contre le maintien du président Joseph Kabila.

Article mis à jour

Au moins trois personnes ont été tuées, dont un policier, à Kinshasa lors de la répression dimanche de manifestations organisées à l’appel des catholiques pour exiger le départ du président Joseph Kabila.

Coupure internet, déploiement sécuritaire, barrages policiers : les autorites congolaises ont sorti l’artillerie lourde pour étouffer les « marches pacifiques » des catholiques contre le chef de l’Etat, malgré l’appel des Nations unies et des chancelleries au respect du droit à manifester.

Ces marches ont été organisées par les catholiques congolais, un an après la signature sous l‘égide des évêques d’un accord prévoyant des élections fin 2017 pour organiser le départ du président Joseph Kabila.

Un mort par balles

A Kananga, au KasaÏ, dans le centre du pays, un homme a été tué par balles par des militaires qui ont ouvert le feu sur des chrétiens catholiques en marge d’une marche anti-Kabila dont le mandat a expiré depuis décembre 2016.

A Kinshasa, au moins une quinzaine de personnes ont été blessées, selon un décompte d’une équipe de l’AFP qui s’est rendue dans plusieurs paroisses.

Trois personnes ont été blessées par balles à la paroisse Don Bosco dans la commune de Massina, selon cette source. 

Une dizaine d’autres personnes ont été blessées à la paroisse Saint-Joseph dans la commune populaire de Matonge. A la paroisse Saint-Dominique, un vicaire et une fidèle ont également été touchés, au visage et à au front.

La police a interpellé douze enfants de chœur catholiques à la sortie d’une paroisse du centre-ville.

A Lubumbashi (sud-est), deuxième ville du pays, deux personnes ont été blessées par balles quand les forces de sécurité ont ouvert le feu alors que les catholiques tentaient de manifester à la sortie d’une messe.

La police a également utilisé des gaz lacrymogènes et des jeunes ont répliqué par des jets de pierres. Quatre véhicules ont été incendiés et des pillages commis.

Dans Kinshasa quadrillée par les forces de sécurité, la police a mené des opérations dans plusieurs paroisses, selon des témoignages recueillis par l’AFP.

Toute l’opposition et la société civile qui réclament le départ du président Kabila (46 ans) dès ce 31 décembre 2017 s’est jointe à l’appel ces marches, interdite par les autorités comme les précédentes manifestations.

Dans un pays majoritairement catholique où les habitants survivent avec moins de un dollar par jour, c’est en pleine prière au coeur des églises que les forces de sécurité ont fait irruption.

« Alors que nous étions en train de prier, les militaires et les policiers sont entrés dans l’enceinte de l‘église et ont tiré des gaz lacrymogènes dans l‘église » où se déroulait la messe, a déclaré à l’AFP un chrétien de la paroisse Saint-Michel, dans la commune de Bandalungwa, dans le centre de Kinshasa.

« Des gens sont tombés, les secouristes étaient en train de réanimer des vielles dames, mais le prêtre n’a pas arrêté de dire la messe, elle s’est poursuivi avec les chrétiens qui n’ont pas fui », a affirmé Chantal, une autre paroissienne.

A la cathédrale Notre-Dame du Congo, à Lingwala, quartier populaire du nord de Kinshasa, les forces de sécurité ont également tiré des gaz lacrymogènes à l’arrivée du leader de l’opposition Félix Tshisekedi, selon des journalistes de l’AFP.

A Kinshasa, les catholiques du « comité laïc de coordination » ont invité les fidèles à marcher, bibles, chapelets et crucifix à la main, après la messe de ce dimanche matin.

Ils demandent au président Kabila de déclarer qu’il ne sera plus candidat. Ils veulent aussi un « calendrier électoral consensuel » à la place de l’actuel, qui prévoit des élections le 23 décembre 2018 pour le remplacer, alors que son dernier mandat a pris fin le 20 décembre 2016.

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Journalistes menacés

Les autorités congolaises ont coupé l’internet « pour des raisons de sécurité d’État » avant cette marche.

Au cours de la nuit, l’armée et la police se sont déployées massivement devant les paroisses de Kinshasa, la capitale aux quelque 10 millions d’habitants. L’armée et la police contrôlaient et fouillaient les véhicules.

De son côté, Kinshasa a affirmé avoir été informé d’une « distribution d’armes » destinée à déstabiliser le régime.

Une équipe de l’AFP a été menacée à Kinshasa par un officier congolais.

« Si vous ne videz pas les lieux, j’ordonne qu’on tire sur vous » , a lancé l’officier. « Presse ou pas, personne n’entrera. En plus vous êtes avec un Blanc, une race qui nous crée des problèmes. Si vous résistez, on va tirer », a-t-il ajouté.

La correspondante de la radio française RFI a été brièvement interpellée, a constaté l’AFP. 
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