Sommet UA-UE : la piqûre des scientifiques africains

Le 5è sommet Union européenne-Union africaine s’ouvre ce mercredi à Abidjan en Côte d’Ivoire. Il sera placé sous le thème « Investir dans la jeunesse pour un développement durable ». De là à imaginer l’importance de la place qu’occuperont les questions de jeunesse et du développement sur cette table afro-européenne ou europeo-africaine.

Or, cela se sait. « Ce sont les pays qui ont investi dans la formation des ressources humaines et dans la science qui sont aujourd’hui soit émergents soit développés ». Tel est le message essentiel contenu dans une pétition adressée le 23 novembre dernier par des scientifiques africains aux dirigeants africains et européens qui prendront part au cinquième sommet Ue-Ua.

Ce rappel des hommes de science d’Afrique en dit long sur le degré d’incurie des dirigeants africains à l‘égard de la science. C’est en effet en Afrique que des régimes surtout ceux hostiles à l’alternance, consacrent des sommes astronomiques à l‘équipement et la formation des institutions en charge de leur sécurité pour ne réserver que des investissements inférieurs à 0,5% du PIB au secteur scientifique et technologique.

Conséquence, des indépendances à nos jours, les chercheurs africains n’ont fait que sombrer dans l’inaction et l’anonymat. « La situation de la recherche africaine est désastreuse, avec moins de 100 publications par an dans les grandes revues internationales, contre 3.000 pour l’Europe », déplore le Professeur Daouda Aïdara, président de l’Académie des sciences, des arts, des cultures d’Afrique et des diasporas africaines.

Et pourtant, ce ne sont pas des ressources humaines scientifiques qui manquent dans le continent. Cheick Modibo Diarra du Mali, Eimo Malonga du Cameroun, Jean Patrice Keka Okese (alias Einstein d’Afrique) de la RDC, Cheikh Anta Diop du Sénégal et bien d’autres ont déjà fait valoir leurs capacités scientifiques à l‘échelle mondiale. Dieu seul sait ce dont ces Africains seraient capables de faire dans leur continent si leurs institutions avaient conscience de ce que tout développement ne dépend que de ce qu’on fait des hommes de science. Sacrifiez vos scientifiques, vous ne serez que témoins de l’Histoire sans faire partie des acteurs.

La pétition des chercheurs africains devrait donc être une petite piqûre pour réveiller Africains et Européens afin qu’ils s’avisent désormais à investir dans la science. C’est en réalité le meilleur investissement dans les jeunes sur qui reposent l’avenir de l’Humanité.
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