Niger: trois dirigeants de la société civile écroués après la manifestation de dimanche

Trois dirigeants de la société civile au Niger ont été inculpés vendredi et écroués, après la violente manifestation de dimanche dernier contre la loi de finances 2018 jugée “antisociale” par les protestataires, ont indiqué leurs proches.

“Les camarades Abass Abdoul-Aziz, Abdoulaye Harouna et Djibo Issa sont inculpés de participation à une manifestation interdite et attroupement armé“, a affirmé Ali Idrissa, autre figure de la société civile sur sa page facebook.

Tous les trois ont été écroués à la prison de Kollo à une vingtaine de km au sud de la capitale, a précisé Ali Idrissa, président du réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire (ROTAB).

Les trois accusés, arrêtés lundi dernier, sont des dirigeants de l’Association de défense des droits des consommateurs des technologies de l’Information, de la communication et de l‘énergie (ACTICE), à qui l’autorisation du rassemblement avait été officiellement délivrée.

ACTICE a été dissoute lundi dernier par le ministère nigérien de l’Intérieur.

Avant son arrestation, Abass Abdoul-Aziz, le président d’ACTICE, a décliné, sur des médias privés, “sa responsabilité” pour violences provoquées, et reproché à la municipalité de “n’avoir pas encadré” par les forces de l’ordre, la manifestation qu’elle a “autorisée”.

Vingt-trois policiers ont été blessés et quatorze véhicules – dont dix de la police – ont été détruits dimanche à Niamey, selon le bilan du ministre de l’Intérieur Mohamed Bazoum, par les manifestants.

Le ministre a accusé le Mouvement démocratique nigérien (Moden), le parti de l’ex-Premier ministre et opposant Hama Amadou, d‘être derrière la manifestation et d‘être “tenté” par le modèle “insurrectionnel au Burkina Faso” pour “accéder au pouvoir”.

Le Moden a démenti ces accusations et ses responsables se sont dit “profondément choqués de cette stigmatisation”.

Le collectif de la société civile manifestait contre la loi de finances 2018, en dénonçant “de nouvelles taxes et de nouveaux impôts”. Le rassemblement a dégénéré lorsqu’un groupe de protestataires s’est dirigé, malgré les interdictions, vers le parlement où les attendaient les forces de l’ordre.

Les mesures “ne touchent pas les pauvres” mais les “plus riches” et la pression fiscale sera comprise “entre 13% et 16%, soit son niveau de 2015”, avait assuré la semaine dernière devant les députés le ministre nigérien des Finances Hassoumi Massoudou.
Voir sur Africanews
>