Zimbabwe : l'empoisonnement, arme fatale des braconniers contre les éléphants

Au Zimbabwe, en dépit de mesures gouvernementales, le braconnage persiste. Pis, les braconniers ont trouvé une arme silencieuse pour abattre leurs cibles loin des regards “indiscrets” des rangers : l’empoisonnement.

Dix éléphants, dont une mère et son petit, ont été retrouvés morts dans le parc national de la Hwange, au Zimbabwe, la semaine dernière. Sur les lieux du carnage, un seau contenant du poison. Ce qui a vite conduit à la conclusion d’un empoisonnement des mammifères.

Sur les auteurs de ce crime, aucun doute qu’il s’agit des braconniers, encore que certains des éléphants retrouvés morts avaient leurs ivoires retirés, ont conclu les responsables du parc.

Au Zimbabwe, l’empoisonnement est devenu une arme de destruction massive pour les éléphants. En 2013 notamment, 100 éléphants en ont fait les frais, toujours dans le parc national de la Hangwe.

Si l’empoisonnement est tant prisé par les braconniers, c’est bien pour ses nombreuses facilités d’exercice. Généralement, les braconniers utilisent une solution diluée de cyanure de sodium et, dans certains cas, le paraquat. Ce dernier est un herbicide agricole puissant largement accessible sur le marché, mais qui est pourtant extrêmement toxique pour les humains aussi bien que pour les animaux.

Les humains et la faune en danger

Avec ce procédé, les braconniers tuent silencieusement leurs cibles sans pour autant alarmer les gardes forestiers avec des coups de fusil. Mais, il n’y a pas que les éléphants qui sont massacrés par de tels moyens. Les charognards, les lions, les hyènes, les chacals, les vautours, endurent eux-aussi une mort lente et agonisante après avoir mangé de la chair contaminée.

D’autres animaux comme l’antilope et le zèbre ont été tués en buvant des seaux d’eau contaminée, des points d’eau et des salines.

Les humains ne sont pas épargnés. Roxy Danckwerts, fondateur de l’organisation Nursery Elephant Zimbabwe, a fini par une insuffisance rénale et pulmonaire l’an dernier après avoir manipulé deux éléphanteaux qui ont été empoisonnés avec du paraquat à Hwange. Elle souffre toujours de troubles respiratoires.

Malgré tout, le paraquat, bien qu’interdit par l’Union européenne, est toujours présent sur les marchés zimbabwéen en raison de sa forte utilisation par les agriculteurs.

Pour l’heure, le gouvernement zimbabwéen répond au braconnage par une politique de répression. Une peine d’emprisonnement minimale de neuf ans pour “les braconniers chanceux d‘être capturés en vie” et interpellés avec de l’ivoire ou du poison en leur possession.

Mais cette politique reste peu dissuasive dans un pays miné par une crise économique qui affame de jour en jour de nombreux citoyens. Trevor Lane, cofondateur de Bhejane Trust, une organisation à but non-lucratif qui surveille les activités de braconnage dans le secteur nord de Hwange, en est convaincu, la pratique n’est pas prête de s’arrêter.

“Les gens sont si pauvres à cause de cette crise”, a-t-il ajouté. Un braconnier pourrait vendre un seul ivoire pour environ 250 dollars, une petite fortune pour n’importe quel agriculteur. Il faut en outre ajouter à la difficile situation économique les pistes des régions reculées, difficiles à patrouiller pour les rangers.
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