Côte d'Ivoire : une paix à environ 100 milliards de francs CFA (150 millions £)

La Côte d’Ivoire retrouve progressivement ses couleurs. Ce mardi, les activités ont repris, certes lentement, mais sûrement dans les villes d’Abidjan et Bouaké jusqu‘à hier encore touchées par des mutineries. Le gouvernement ivoirien a finalement cédé aux revendications des mutins, à coups de milliards de francs CFA.

Lundi, le ministre ivoirien de la Défense Alain-Richard Donwahi annonçait avoir conclu un accord avec les soldats mécontents. Le contenu de cet accord n’avait pas été divulgué que les soldats avaient de nouveau fait crépiter leurs armes. Ils n‘étaient pas satisfaits. Finalement, le mardi, l’accord est finalisé, les mutins satisfaits et les populations soulagées.

Si le gouvernement préfère garder l’omerta sur les détails de l’accord au risque d’aiguiser l’appétit d’autres souches de la société – notamment les fonctionnaires -, des sources anonymes au sein des mutins ont confié à l’AFP qu’une tranche de 5 millions leur sera versée ce mois de mai et la dernière tranche de 2 millions, en juin.

Lors de premières mutineries en début d’année, les soldats avaient réclamé 12 millions de francs CFA (18.000 euros) par personne et obtenu le versement dès janvier de 5 millions (7.500 euros). On leur avait promis les 7 millions restants par tranches à partir de mai.

Ce sont donc en tout 100 milliards 800 millions de francs CFA qui seront versés à ces éléments de l’armée alors que le gouvernement avait annoncé, il y a à peine un mois, que les caisses de l‘État s’assèchent du fait de la chute des cours du cacao, poumon de l‘économie ivoirienne qui compte pour 15 % dans le PIB du pays.

Le gouvernement pas “affaibli”

Mais le gouvernement ivoirien avait-il le choix ? Qui connaît l’histoire récente de la Côte d’Ivoire sait que la plus grave crise du pays a débuté par une insurrection armée qui a débouché sur plus d’une décennie de crise jalonnée de conflits armés et politiques.

Car en dépit d’une croissance économique impeccable, la Côte d’Ivoire n’est pas à l’abri d’une rechute pour oser ignorer les aubades à coups de tirs nourris que lui servent ses soldats à la moindre revendication.

En tout cas, le gouvernement estime être sorti fort de cette situation. “Le gouvernement n’est pas sorti affaibli de cette situation, mais au contraire renforcé. Il a pu traverser une situation difficile”, a déclaré le ministre Donwahi lors d’une conférence de presse.

Le gouvernement ne l’est peut-être pas, mais les caisses de l‘État oui comme l’avait d’ailleurs souligné le président ivoirien Alassane Ouattara le 1er mai. Toutefois, la paix pour un pays comme la Côte d’Ivoire qui sait ce que son absence représente, n’a peut-être pas de prix. Sauf à craindre que la mutinerie ne devienne un mode opératoire pour des soldats en quête de billets de banque.
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