Afrique : les clés contre la crise selon le Pr Carlos Lopes

La plongée des cours du pétrole et des matières premières en général ont provoqué une grave récession dans la plupart des économies du continent.

Du coup, l’on réalise la fragilité des économies du continent qui ne reposent pas sur un socle solide. Le moindre choc extérieur est à même de les ébranler.

Il en est ainsi d’un pays comme la Côte d’Ivoire. Un pays mis à mal par la dégringolade des prix du cacao dont les recettes représentent plus de 10 % du PIB.

De même, la plongée des cours du brut a semé l‘émoi au sein des économies des pays pétroliers du Golfe de Guinée. Il en est de même du Nigeria, du Congo, de la Guinée équatoriale, du Gabon et de l’Angola. Les recettes issues du pétrole représentent plus de 60 % des budgets de ces pays.

Modernisation et modernisation

Le professeur Carlos Lopes, l’ancien secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique, enseignant d‘économie à l’université du Cap en Afrique du Sud attribue cette vulnérabilité “ (...) au manque de connaissances de la structure des économies africaines.”

Pour lui, “ (...) les comptes nationaux ne sont pas toujours à jour. Si nous savons la structure exacte du PIB, sa taille, nous pouvons avoir une fiscalité qui soit modernisée. Par exemple relève-t-il, il y a beaucoup de gens qui ne payent pas d’impôts, des activités qui ne payent pas d’impôts. Cela ne veut pas dire qu’on va taxer les pauvres”, fait remarquer M. Lopes.

“On va formaliser davantage les échanges, taxer ce qui doit être taxé. Beaucoup d’entreprises étrangères bénéficient d’exemptions fiscales. Cela pénalise la capacité de l‘État à pouvoir intervenir dans les politiques qui font la différence”, a-t-il ajouté.

Et l’industrialisation ?

Le professeur Carlos est favorable à cette option. Pour autant, il tient à préciser que l’entreprise sera complexe, du fait des barrières non-tarifaires, des règles commerciales complexes, du régime des propriétés commerciales complexes, de l’accès aux capitaux, etc.

“Il faut être extrêmement intelligent, conseille Carlos Lopes. Étudier les chaînes de valeurs, avoir des politiques industrielles cohérentes. L’industrialisation doit être au cœur des décisions économiques, souligne l’enseignant. Lors des négociations commerciales, des questions d’environnement, du système éducatif, d’emploi des jeunes, etc.”

L’Afrique est face à son défi avec la crise actuelle. Elle qui a déjà montré sa capacité de résilience durant l’esclavage et la colonisation, a les moyens de se tirer d’affaire.
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