Tchad : exaspérés par le chômage, des étudiants brûlent leurs diplômes

Avec leur opération “Brûler les diplômes”, des dizaines d‘étudiants des écoles professionnelles ont non seulement voulu revendiquer à l‘État leur insertion dans la vie active, mais également montrer à l’opinion publique que les diplomês au Tchad ne servent à rien.

Ils étaient réunis en sit-in au siège de l’Assemblée nationale, à N’Djaména, la capitale, avec pour seul objectif, protester contre le chômage grandissant dans le pays. Une manifestation qui selon le site Tchadinfos.com a vite été dispersée par la police à l’aide de gaz lacrymogène. Six personnes auraient par ailleurs été arrêtées.

Issus des universités et écoles professionnelles publiques, ces étudiants – dont certains sont sans emploi 10 ans après la fin de leurs études – ont matérialisé leur mécontentement en déchirant la copie de leurs diplômes, qui ne leur serviraient à rien.

C’est notamment le cas de Moussokdjim Berodjingar, responsable de ce mouvement d’humeur et titulaire depuis 10 ans d’un Master en Lettres modernes. Comme lui, beaucoup regrettent que le gouvernement ait suspendu l’intégration de jeunes diplômés dans la Fonction publique pendant trois ans, bien qu’ils soient admis pour certains aux concours administratifs.

En février dernier, une manifestation pour les mêmes raisons était organisée toujours à N’Djaména.

En raison de la crise économique qui secoue le Tchad depuis la chute des cours du pétrole, le gouvernement a mis en place des mesures d’austérité dont une loi des Finances 2017 afin de réguler la crise.

Ces mesures prévoient entre autres une réduction de 80 % des indemnités des fonctionnaires, mais également une suppression des bourses des étudiants.

Depuis, les grèves se multiplient dans le pays. En septembre 2015, la centrale syndicale du Tchad demandait à tous les établissements publics et privés de fermer les classes. Les secteurs de la justice et de la santé ont eux-aussi été paralysés durant des semaines.

En réponse, le gouvernement a affirmé fin décembre que dès janvier, tout fonctionnaire en grève ne sera pas payé. Puis de menacer que si les grèves persistent, l’État pourra mettre en chômage technique les fonctionnaires. Des décisions largement décriées par les fonctionnaires qui évoquent une “intimidation”.
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