Burkina Faso : des manifestants réclament justice pour Norbert Zongo

Des centaines de personnes ont manifesté mardi devant le palais de justice de Ouagadougou (Burkina Faso), contre l’omerta autour du dossier de Norbert Zongo, journaliste d’investigation assassiné le 13 décembre 1998.

Des manifestants, ruban adhésifs sur la bouche, ont observé mardi, 13 minutes de silence. Leur initiative coïncidait avec la commémoration, du 18 e anniversaire de la mort de Norbert Zongo. Des radios et des télévisions du pays avaient aussi interrompu momentanément leurs programmes le même jour, à la demande de l’association des journalistes et de la presse du pays pour cette cause.

Journaliste d’investigation et directeur de publication de l’hebdomadaire L’indépendant , Nobert Zongo a été assassiné alors qu’il enquêtait sur la mort de David Ouedraogo, chauffeur de François Compaoré, le frère cadet de l’ex-président du Faso. Le corps de Zongo et de trois de ses compagnons ont été retrouvés morts et carbonisés dans leur véhicule à 100 kilomètres au sud du Burkina Faso.

Les circonstances de cette disparution n’ont toujours pas été élucidées. ‘‘Nous entendons faire comprendre aux autorités judiciaires et politiques que cette longue attente nous fait honte. 18 ans à commémorer le triste anniversaire sans la moindre lumière et sans la moindre justice, nous révolte ‘’, a déclaré Boureima Ouedraogo, porte-parole des organisations professionnelles des journalistes du Burkina Faso. Et d’ajouter, ‘’ nous refusons de cautionner cette forfaiture et restons déterminés à poursuivre le combat pour la justice dans le dossier.”

Pourtant, pour de nombreux habitant du pays, la chute de l’ex-président du Faso, Blaise Compaoré, symbolisait la fin de l’impunité. Le doute s’installe cependant progressivement dans leurs esprits. Les parents du défunt sont les plus amers. ‘‘C’est vraiment dommage parce que nous avons cru qu’avec le départ de Blaise Compaoré les choses allaient aller de l’avant, mais bon, nous sommes quand même déçus de voir que le dossier est toujours au point mort, et que bon, rien n’avance. ‘’, a fait savoir Guy Zongo, fils aîné de Norbert Zongo.

Si les autorités judiciaires du pays reconnaissent la complexité du dossier, elles refusent néanmoins de baisser les bras. ‘‘Le dossier connaît des hauts et des bas, mais nous sommes dans la dynamique de la recherche de la vérité, et nous croyons que nous y arriverons avec l’aide de tous et qu’effectivement justice sera rendue. ‘’, a déclaré Maïza Sereme, procureur du Faso.

La date de l’ouverture du procès n’a pas toujours été fixée. En attendant, la société civile du pays des hommes intègres est formelle. ‘‘La culpabilité de l’entourage direct de François Compaoré si ce n’est de lui-même ne fait l’ombre d’aucun doute.” , affirme Serge Bambara, leader du mouvement Balai citoyen.
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