L'Éthiopie sous le choc après le drame, trois jours de deuil décrétés

L‘Éthiopie se remet difficilement après les échauffourées du week-end en région Oromo qui ont fait une cinquantaine de morts. Si les autorités éthiopiennes ont décrété ce lundi trois jours de deuil national pour rendre hommage aux victimes, dans la région, la colère couve.

La région Oromo en Éthiopie (centre et ouest) continue de pleurer ses morts ce lundi. Dimanche, un mouvement de bousculade lors du traditionnel festival oromo Irreecha à Bishoftu, au sud de la capitale Addis Abeba, a fait une cinquantaine de morts – 52 selon le bilan officiel et 58 selon des sources médicales qui disent avoir réceptionné les dépouilles.

Le bilan, qualifié de “tragique” par le Premier ministre Hailemariam Desalegn prend une toute autre ampleur du côté de l’opposition. Celle-ci estime qu’il y a eu au moins 100 morts et accusent les forces de l’ordre éthiopiennes d’avoir tiré à balles réelles sur les manifestants.

Mais aucune preuve permettant de confirmer cette thèse n’a été trouvée. Sur les lieux du drame, seuls des vêtements et chaussures abandonnées ont été retrouvées, affirme l’AFP. Les sources médicales affirmant avoir réceptionné les dépouilles confirment également n’avoir pas décélé d’impacts de balle sur les corps. Juste “des cadavres qui avaient de la terre sur les visages. Certains saignaient de la bouche ou du nez”, décrit un médecin.

Colère grandissante contre le gouvernement

Un drame qui a poussé les autorités éthiopiennes à décréter trois jours de deuil national. Mais en région Oromo, porte-flambeau de la contestation sociale en Éthiopie depuis novembre 2015, la colère gronde.

“Le gouvernement est responsable. Les gens sont en colère. Ça va dégénérer”, a prédit Baadhada Lami, client d’un café dans la ville de Bishoftu. Comme lui de nombreux Éthiopiens attribuent la responsabilité des événements au gouvernement.

Des activistes ont notamment appelé à “cinq jours de colère” sur les réseaux sociaux.

Les événements de dimanche dus à des altercations entre participants au festival et force de l’ordre, marquent une nouvelle étape dans la contestation des oromos contre le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), au pouvoir depuis 1991 après avoir renversé le régime de Mengistu Hailé Mariam.

Des vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent comment des festivaliers ont pris à partie des dirigeants oromo affiliés au gouvernement. En réaction, la police a fait usage de coups de bâton et de gaz lacrymogènes.

Plusieurs personnes sont tombées les unes sur les autres dans un fossé profond d’environ 5 mètres et long d’environ 20 mètres à proximité, et sont mortes étouffées.

Ce lundi encore, des personnes fouillaient dans le fossé dans l’espoir de retrouver des corps. Elles affirment en avoir déjà retrouvé trois. “Nous creusons parce que des gens sont encore enterrés dans ce fossé. Cinquante-deux morts, c’est un mensonge. J’estime qu’il y a 500 personnes dans ce fossé, morts ou blessés, et nous continuons à les chercher”, a expliqué l’un d’entre eux, Dagafa Dame.

Les manifestations en Éthiopie, auxquelles se sont joint les amhara (dans le nord) depuis le milieu de l’année, ont fait des centaines de morts selon les organisations de défense des droits de l’homme.
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