L'épidémie de fièvre jaune en Afrique en 5 points

Depuis décembre 2015, une épidémie de fièvre jaune, partie de l’Angola, ravage ce pays et la République démocratique du Congo. Un petit tour d’horizon pour voir l‘état actuel des choses.

De lourdes pertes

422 morts pour 929 cas confirmés. Voici le bilan de l‘épidémie de fièvre jaune qui sévit dans certains pays , précisément l’Angola et la République démocratique du Congo. En Angola, d’où l‘épidémie est partie, fin 2015 de la municipalité de Viana (province de Luanda), l’OMS a décelé 3 294 cas suspects, parmi lesquels 861 ont été confirmés. L‘épidémie touche 16 des 18 provinces du pays, mais est plus évèreté dans celles de Luanda et Huambo. Avec 347 décès, l’Angola vit là, sa plus meurtrière des épidémies de fièvre jaune depuis une trentaine d’années.

Des cas « hérités » de l’Angola

Le 22 mars dernier, la République démocratique du Congo a rapporté les premiers cas de fièvre jaune, avant d’annoncer officiellement le 20 juin, être en situation d‘épidémie. Dans le pays, 1 106, parmi lesquels 68 cas confirmés et 75 morts ont été énumérés. Les principales villes du pays dont Kinshasa sont les plus exposées. Si les autorités avaient justifié la propagation du virus en raison de la forte communauté angolaise vivant dans le pays, mais également du fait du partage de frontière avec l’Angola, la RDC a aussi connu un cas direct. Selon l’OMS, ce cas a été causé par un moustique local. D’autres états tels que le Kenya ou encore la Chine sont touchés par la maladie, mais dans une moindre mesure. En effet, seul un cas a été recensé au Kenya et onze autres en Chine. Selon les spécialistes de la santé, ces cas auraient été « hérités » de la situation en Angola. Des voyageurs non immunisés en seraient la cause.

La contre-offensive des pays durement touchés

Depuis, des campagnes de vaccination sont menées en Angola et en RDC. Plus de 15 millions de doses vaccinales ont déjà été distribuées dans les deux pays. En RDC, 11.6 millions de personnes – exceptées les femmes enceintes et les enfants de moins de 9 mois – vont elles aussi recevoir le vaccin à partir du 20 juillet prochain. La stratégie de l‘état congolais est d’axer d’abord ces séances de vaccination dans les zones de fortes concentrations ainsi que les zones de fortes activités commerciales. Aussi, les autorités congolaises misent-elles sur le renforcement du contrôle à la frontière entre la RDC et l’Angola. Ce contrôle va se traduire par la création d’une « zone immunitaire tampon » dont le but est de stopper le « voyage » du virus. Malgré tout, le virus de la fièvre jaune continue sur sa lancée, surtout en raison du manque de doses suffisantes de vaccin. L’OMS a ainsi reconnu que son stock était fortement réduit, mais a promis de mettre la pression sur ses partenaires en vue d’accroître la production de doses vaccinales.

« Surveiller attentivement la situation épidémiologique en Angola »

Pour l’OMS, les choses sont loin d‘être stables. Elle juge même « inquiétante » la situation épidémiologique en Angola et conseille de la surveiller attentivement. « Il faut urgemment continuer à améliorer la qualité de la riposte en Angola et renforcer les préparatifs dans les pays limitrophes, ainsi que dans ceux qui ont une diaspora résidant en Angola ». Il s’agira, entre autres, de renforcer les contrôles de vaccination des voyageurs se rendant dans toutes les zones d’endémie potentielles, puis, de faire spécialement attention aux voyageurs de retour d’Angola ou d’autres zones d’endémie potentielles. Toutefois, ces mesures, selon l’OMS, ne devraient pas être des motifs de restrictions aux voyages ou aux échanges commerciaux.

Les autorités sanitaires surprises

La flambée du virus de la fièvre jaune en Angola et en RDC est de nature à susciter des interrogations sur le système de prévention, principale arme contre la maladie. On le sait, il n’existe pour l’instant aucun médicament antiviral spécifique contre la fièvre jaune. Le traitement jusque-là utilisé dans la lutte, est le vaccin. Un vaccin réputé extrêmement efficace et peu coûteux. Injecté une seule fois, il suffit à renforcer l’immunité et protège à vie contre la maladie sans qu’il n’y ait besoin de dose de rappel. Mais les autorités sanitaires ont été prises de court jusqu‘à évoquer une rupture de stocks du vaccin. Aussi, les cas importés en RDC, au Kenya ou encore en Chine pourraient bien montrer que les contrôles autour des vaccins des voyageurs manquent encore de rigueur, surtout quand il est probable qu’un cycle local de transmission peut s’établir, (c’est-à-dire là où les vecteurs compétents sont présents).

Dans un rapport, l’organisation avait cependant précisé qu’il s’agit certes d’ « événements graves de santé publique », mais pas d’une « urgence de santé publique de portée internationale » car les cas restent encore localisés.
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