Le caricaturiste kényan Gado, co-lauréat de la Fondation Cartooning for Peace

Il a conjointement été récompensé avec son homologue malaisien Zunar dans le cadre du prix international du dessin de presse.

Le prix a été remis aux deux lauréats à Genève dans le cadre de la Fondation Cartooning for Peace des dessins pour la paix que préside Kofi Annan. Cette année, le jury a décidé de célébrer des planches engagées en faveur de la vérité quels qu’en soient les risques. Des qualités manifestement présentes dans le travail de Gado et Zunar.

“Je suis toujours étonné par le talent créatif de ces artistes qui avec une seule image peuvent saisir les paradoxes et les absurdités des injustices d’un problème complexe. Bien mieux que ne pourraient le faire des centaines de discours”, s’est enthousiasmé l’ancien secrétaire général de l’ONU.

“C’est un grand encouragement parce que quoi que vous fassiez, il y a des gens qui sont derrière vous et ce sont des gens qui reconnaissent votre travail et cela vous aide à aller de l’avant…”, a fait savoir Gado peu après avoir reçu son prix.

Jusqu‘à récemment, Gado a travaillé pour le Daily Nation, un des quotidiens les plus importants d’Afrique centrale et orientale. Son combat : dénoncer l’avidité et la corruption du personnel politique. Le défi de la presse actuellement et plus particulièrement de la caricature réside de son point de vue dans la protection de l‘« espace de revendication » qu’elle représente dans le contexte africain.

Son co-lauréat Zunar est le dessinateur de presse le plus connu de Malaisie. Lui aussi, par le biais de l’humour et de la dérision, dénonce la corruption des élites ainsi que les abus de pouvoir. ll est actuellement l’objet de poursuites judiciaires dans le cadre d’affaires d’insurrection et risque 43 années de prison.

“Ce prix est très important pour moi parce qu’il peut faire pression sur le gouvernement de Malaisie, reconnaît-il. Et il peut aussi faire ouvrir les yeux de la communauté internationale sur mon cas et sur le degré de liberté d’expression et des droits de l’homme en Malaisie.”

La remise de ce prix coïncide avec la mort ce 5 mai, à 87 ans, de Siné, un ancien de Charlie Hebdo.

Politiquement incorrect, il était aussi connu pour ses liens étroits avec l’Algérie où il a notamment collaboré pour la revue tiers-mondiste Révolution africaine.
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