Seychelles : les zones protégées face à el Nino

Cette année, le phénomène El Nino pourrait faire des dégâts .Le réchauffement des eaux fait planer l’ombre de 1998 . Cette année là le pays avait perdu plus de 90% de ses coraux.

Rodney Quatre est chercheur pour l’autorité des parcs Seychellois et il est spécialisé dans les écosystèmes marins et a 9 zones protégées placées sous son autorité.

Autour de Mahé l’île principale des Seychelles, il observe régulièrement l’état des coraux dans le parc de la Baie ternay.. Sans les coraux , il n’y a pas d’écosystème marin viable aux Seychelles.

« Il faut regarder ça comme une forêt. Vous avez des plantes, des animaux qui forment les écosystèmes. Les rifs coralliens, c’est la même chose. Ce sont des animaux, et ils agissent comme un habitat pour les petits poissons. Et ils fournissent de la nourriture dans une certaine mesure. Donc je pense qu’avoir plus de zones protégées permettrait d’augmenter la résistance de l’océan et nous permettrait d’avoir une utilisation plus durable pour les générations futures. »

Et cette question préoccupe les autorités de l’archipel qui doivent maintenir les zones protégées sans fragiliser le tourisme et la pêche qui sont les deux mamelles de l’économie du pays.

En Fin 2015, un plan de sauvegarde des zones marines a été finalisé par le gouvernement seychellois. Sur 5 ans, le pays projette de placer sous protection 30% de 1,4 millions km2 de ses eaux territoriales. Aujourd’hui, seulement 1% de cette superficie est sauvegardé.

Selon le ministre de l’environnement Didier Dogley, il faut faire quelques chose : « Les pêcheurs sont conscients que certains stocks sont sous pression. Et on doit décider si on veut continuer à pêcher moins de poisson, avec de plus en plus de bateaux, ou bien est-ce qu’on permet à certains stocks de se régénérer, grâce aux zones protégées »

Toute l’année, des thoniers Français et Espagnols sillonnent les eaux territoriales seychelloises et la renégociation des accords de pêche ne se fera pas facilement.

Les pêcheurs semi-industriels et traditionnels comme Philippe, craignent pour leur survie.

« S’ils nous mettent les 30%, et que l’on ne peut pas aller pêcher dans ces zones, qu’est-ce qu’on va faire ? On va aller pêcher dans les fonds de blanc ? ‘’

Ils soutiennent que les petits pêcheurs ne sont pas responsables de la baisse des stocks.

« C’est les Thoniers qui détruisent les poissons aux Seychelles. Les Thoniers quand ils prennent du poisson ils prennent 80-90 tonnes de poisson. Nous on fait le longline, on prend 3 tonnes 4 tonnes 7 tonnes de poisson. Et ça, 15 bateaux, ça va pas détruire un filage de Thon… »

Outre les Thoniers et les semi-industriels comme Philippe ils sont à peine 1500 pêcheurs traditionnels aux Seychelles

Avec la création de nouvelles zones protégées interdites d’accès ils craignent que les illégaux prolifèrent impunément.

La pêche artisanale elle ne représente que 4500 tonnes par an essentiellement destinées au marché local et au tourisme. Toute l’année, le pays accueille près de 250 000 visiteurs

Avec la détérioration de ses fonds marins les Seychelles perdraient les revenus de la pêche et du tourisme et c’est toute son économie qui s’écroulerait.
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