Ouganda : Kampala boude son nouveau train de banlieue

La ligne de chemin de fer de la capitale vient d‘être restaurée après trois décennies d’hibernation.

Avec notre correspondant à Kampala

Le train emprunte l’une des rues les plus embouteillées de la ville de Kampala. Cependant, ses wagons restent désespérément vides. Sur les cinq attelés aujourd’hui, un seul est occupé. Les derniers trains voyageurs en Ouganda remontent aux années 1980. Le nouveau service met un accent sur le confort. Mais ses fréquents arrêts ne semblent pas adaptés aux utilisateurs actuels. Autre remarque : tous les quartiers ne sont pas reliés au réseau. Wycliffe Turyahebwa, un habitant de Kampala dit être dans cette configuration. « Je vis à Kisaasi et je n’emprunte pas le train parce que je n’y ai pas accès. Il ne passe pas près de chez moi et même ses stations en ville sont éloignées de mon lieu de service. Pour prendre le train, il faut se rendre à la gare et je ne suis pas sur la ligne. »

La principale concurrence pour le nouveau train, ce sont les taxis. Mais ceux qui utilisent le service disent qu’il reste le meilleur moyen d‘éviter les embouteillages. Il prend 40 minutes au plus pour rallier toutes les stations.

Kaliisa est un utilisateur averti du train. Il travaille également pour l’entreprise qui l’affrète. Son travail consiste à convaincre les passagers de rejoindre le train afin d‘éviter la poussière sur la route. En plus, il n’y a pas de limite de places dans les wagons.

Trois entités sont chargées de la gestion de la ligne qui est actuellement dans une phase-pilote. Il s’agit de la Uganda Railways Corporation, la Kampala Capital City Authority et de Rift Valley Railways. Pour le moment, la responsabilité de l’infrastructure n’est pas claire même si le gouvernement a dépensé quelque 300 000 dollars pour sa réalisation.

Un train trop cher ?

Le train relie le centre-ville et Namanve – une banlieue de Kampala. Le prix du ticket aller et retour revient à moins d’un dollar. Trop cher pour une grande partie des Ougandais. Les officiels du projet tels que Charles Ssentongo en sont conscients.

« Ils sont en train de travailler à réduire le prix du ticket de moitié, confie-t-il à Africanews. Là, je pense que ça va être à la portée de toutes les bourses. Vous savez la perception que le public a du service ferroviaire. Le train doit être moins cher et même dans une certaine mesure gratuit. C’est la raison pour laquelle le gouvernement a décidé de fixer un prix question de voir ce qu’il fallait apporter au titre de la subvention. Si la compagnie veut opérer avec un prix au-dessus d’un dollar, cela ne va pas marcher. C’est le même montant que pratiquent les taxis et les navettes. L’objectif est d’offrir un service compétitif. »

Il semble encore trop tôt pour donner une évaluation, mais si le nombre de passagers du nouveau train n’augmente pas, estiment des observateurs, cela voudrait dire que les habitants de Kampala ont besoin de quelque chose de meilleur qu’un train de banlieue.

L’ambition du nouveau train est pourtant immense : relier la capitale ougandaise au reste du pays et à terme à d’autres villes d’importance en Afrique australe.
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