Suisse
Le commerce maritime mondial, qui assure plus de 80 % des échanges de marchandises, aborde une phase de croissance fragile, de hausse des coûts et d’incertitude accrue, selon le rapport Review of Maritime Transport 2025: Staying the course in turbulent waters, publié mardi par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
Après une progression solide l’an dernier, le secteur devrait quasiment stagner en 2025, avec une croissance limitée à 0,5 %. Les tensions géopolitiques, qui ont contraint les navires à de longs détours, ont cependant entraîné en 2024 une hausse record de près de 6 % des « tonnes-milles », indicateur mesurant le volume transporté multiplié par la distance parcourue.
« Les transitions à venir – vers le zéro carbone, le numérique et de nouvelles routes commerciales – doivent être justes », a déclaré la secrétaire générale de la CNUCED, Rebeca Grynspan. « Elles doivent renforcer la résilience, et non creuser la vulnérabilité. »
Tarifs, tensions et réacheminements
La CNUCED constate une transformation de la géographie des échanges maritimes sous l’effet de droits de douane supplémentaires, de frais portuaires et de restrictions annoncés par les États-Unis et d’autres partenaires commerciaux. Ces mesures s’ajoutent aux tensions politiques, aux détournements d’itinéraires, aux escales annulées et aux délais prolongés, avec pour conséquence une nouvelle flambée des coûts.
Le commerce de l’énergie illustre cette tendance. Tandis que le charbon et le pétrole reculent, les flux gaziers continuent de progresser. Les taux de fret demeurent volatils et les perspectives d’un système mondial de tarification des émissions de gaz à effet de serre annoncent un renchérissement supplémentaire pour le secteur.
Des défis environnementaux et sociaux
Les émissions de gaz à effet de serre du transport maritime ont augmenté de 5 % en 2024, alors que seuls 8 % de la flotte mondiale disposent d’équipements adaptés aux carburants propres. Une nouvelle norme internationale pourrait être adoptée d’ici peu, ouvrant la voie à un système de tarification du carbone et à un fonds d’aide aux pays en développement d’ici trois ans.
Parallèlement, la CNUCED tire la sonnette d’alarme sur la situation des marins. L’an dernier, un nombre record d’abandons a été enregistré, touchant principalement des travailleurs originaires de pays en développement. L’organisation plaide pour l’application effective de l’amendement à la Convention sur le droit maritime de l’Organisation internationale du travail, qui entrera en vigueur en 2027 et devrait améliorer leurs conditions.
Les pays vulnérables en première ligne
Les petits États insulaires et les pays les moins avancés sont particulièrement exposés à l’augmentation des coûts du transport maritime. Déjà pénalisés par un retard dans la numérisation de leurs systèmes portuaires, ils risquent d’être davantage marginalisés par la recomposition des routes commerciales et la volatilité croissante du marché.
Face à ces défis, la CNUCED appelle à la stabilisation des politiques commerciales, à un renforcement des investissements dans les infrastructures durables et à une accélération de la modernisation de la flotte mondiale. Elle insiste enfin sur la nécessité de protéger les économies vulnérables, afin qu’elles puissent tirer parti des nouvelles opportunités liées notamment aux minerais critiques, essentiels à la transition énergétique et numérique.
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