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Voices of Gullah : des chanteurs préservent la mémoire des chants d'esclaves

Les membres de « Voices of Gullah », Joe Murray, à partir de la gauche, Minnie « Gracie » Gadson, Rosa Murray et Charles « Jojo » Brown, sur l'île Sainte-Hélène, julllet 2025   -  
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Luis Andres Henao/Copyright 2025 The AP. All rights reserved

Tradition

Sur l’île de Sainte-Hélène, en Caroline du Sud, un petit groupe de chanteurs âgés entre 70 et 90 ans s’est donné pour mission de préserver les spirituals gullahs, un héritage musical né dans les plantations.

Guidés par le musicologue Eric Crawford, ils transmettent cette culture vivante aux générations futures, à travers les États-Unis... et au-delà. La culture Gullah Geechee est née dans les Sea Islands, un chapelet d’îles au large de la Caroline du Sud, où des milliers d’Africains réduits en esclavage travaillaient dans les plantations de coton et de riz. Avec le temps, ces communautés ont développé une langue créole -le gullah – et une tradition musicale spirituelle forte : les spirituals, chants religieux porteurs d’espoir et de résistance.

Aujourd’hui, cette culture persiste, notamment sur l’île de Sainte-Hélène, qui abrite l’une des plus grandes communautés gullahs des États-Unis, avec plus de 5 000 descendants directs d’esclaves.

C’est dans ce contexte que sont nés les Voices of Gullah, un groupe formé de chanteurs âgés de 70 à 90 ans. Parmi eux : Rosa Murray (89 ans), son mari Joe Murray (87 ans), leur fils Charles “Jojo” Brown, et Minnie Gadson, surnommée "la James Brown du groupe" par le musicologue Eric Crawford.

Trop âgés pour encore pratiquer le ring shout une danse traditionnelle rythmée , ils continuent néanmoins de chanter, taper du pied et battre des mains pour faire vivre ces chants ancestraux lors de concerts aux États-Unis, mais aussi au Belize et au Mexique.

Eric Crawford, l’oreille attentive

Leur guide et archiviste est Eric Crawford, musicologue et auteur passionné. Lorsqu’il découvre, en 2007, que des chansons comme Nobody Knows the Trouble I’ve Seen ou Kumbaya viennent directement de cette région, il se rend sur place.

« Je ne connaissais même pas le mot Gullah », confie-t-il. « En arrivant sur l’île, j’ai simplement demandé à la communauté : "Qui dois-je écouter ?" Et l’aventure a commencé avec quatre chanteurs. »

Depuis, Crawford enregistre, archive, et soutient activement les tournées du groupe. Il œuvre aussi à obtenir des financements pour des projets éducatifs, afin d’impliquer les jeunes dans la préservation de cette culture.

Une transmission incertaine, mais essentielle

Malgré l’engagement du groupe, l’avenir de la culture gullah reste fragile. Crawford s’en inquiète : « Lorsque mes quatre chanteurs ne seront plus là, qui chantera encore ces chants ? »

Mais il garde espoir. « Peut-être que la relève viendra sous une autre forme – du rap, du hip-hop, peu importe. L’essentiel est de connaître les origines, de parler la langue, de suivre le rythme. C’est ainsi qu’on fait avancer les choses. »