Kenya
C'est la haute saison pour les exportateurs de roses du Kenya, qui préparent les bouquets destinés à la Saint-Valentin. Pourtant, cette année, un insecte nuisible et des règlements stricts de l'Union européenne (UE) pèsent lourdement sur leurs bénéfices.
Symbole d'amour, la rose est également un pilier de l'économie kenyane. Selon un rapport de la Banque centrale du Kenya publié en 2021, l'industrie florale emploie un demi-million de personnes. Le gouvernement estime qu'un tiers des exportations de fleurs du pays est destiné à l'Europe, où les roses kenyanes sont prisées pour leur longévité.
Obtenir une rose parfaite n'est cependant pas une mince affaire. La culture des roses exige des efforts considérables, notamment l'utilisation de pesticides pour contrer les nuisibles. Une étude de 2020, publiée par le Route To Food Initiative (RTFI), révèle que 75 % des pesticides employés au Kenya sont hautement dangereux et que près de la moitié sont interdits dans l'UE. Pour continuer à exporter vers ce marché, les agriculteurs ont donc dû s'adapter en réduisant leur usage de pesticides.
Malgré ces efforts, les cultivateurs font face à un nouvel adversaire : le faux carpocapse. Cette larve de papillon qui s'attaque aux boutons de roses, menace également les fruits et les légumes. Pour empêcher son intrusion, l'UE a renforcé ses règlements, compliquant l'accès des roses kenyanes à ce marché lucratif.
Jacky Mwanzia, responsable marketing chez Isinya Roses, une entreprise située dans le comté de Kajiado au sud de Nairobi, explique :
"Les règles sont très strictes. Nos expéditions vers l'UE sont souvent mises en quarantaine, ce qui retarde la livraison et entraîne des pertes. Nous devons donc chercher des marchés alternatifs avec des règlements moins contraignants, car nous perdons 30 % de notre chiffre d'affaires."
Depuis mai 2024, l'UE a augmenté le taux d'échantillonnage des roses kenyanes de 5 % à 25 %, selon le Kenya Plant Health Inspectorate Service (KEPHIS). Par conséquent, les expéditions mises en quarantaine sont devenues plus fréquentes, certaines étant même renvoyées au Kenya après la détection du parasite.
Anantha Kumar, directeur marketing d'Isinya Roses, décrit les difficultés rencontrées :
"Nous avons du mal à respecter les exigences de l'UE, qui impose une tolérance zéro pour les chenilles et certains pesticides. Avec les conditions climatiques actuelles, nous avons besoin de ces traitements pour atteindre nos objectifs de production."
Face à ces obstacles, les producteurs cherchent des débouchés ailleurs, notamment au Moyen-Orient.
"Le marché du Moyen-Orient est prometteur et en pleine croissance," assure Kumar.
La Russie, autrefois un marché majeur, n'est plus aussi viable à cause de la guerre en Ukraine. Depuis le début du conflit, les délais d'expédition ont presque triplé et les frais de transport ont grimpé de 50 %. Ces contraintes ont entraîné une chute de 30 à 40 % des volumes exportés vers la Russie, forçant les producteurs à trouver de nouveaux clients.
Malgré ces difficultés, les cultivateurs ne renoncent pas au marché européen. Des solutions comme les pièges à phéromones sont testées pour réguler la population de ce parasite sans recourir aux pesticides interdits.
La Saint-Valentin et la Fête des Mères s'annoncent compliquées cette année pour les producteurs de roses kenyans, qui voient leurs ventes fragilisées par ces règlementations strictes. Une saison qui, au lieu d'être florissante, risque d'être amère.
00:51
Les BRICS veulent renforcer la souveraineté alimentaire mondiale
Aller à la video
Oligui Nguema : révolution ou continuité pour le Gabon ? [Business Africa]
Aller à la video
Zimbabwe : des fermiers spoliés rejettent l'accord de compensation
01:10
Droits de douane : l'OMC prévoit une baisse de 1,5 % du commerce
01:21
Guerre Russie-Ukraine : l’UE condamne l’attaque sur Sumy
01:20
Droits de douane : la Chine appelle l’UE à "résister ensemble"