Haïti
Selon un nouveau rapport de l'agence des Nations Unies pour les migrations, la flambée de violence en Haïti due aux affrontements avec des gangs armés depuis le mois de mars a entraîné le déplacement de près de 580 000 personnes, un chiffre qui donne à réfléchir et qui souligne l'ampleur de la crise dans ce pays des Caraïbes.
Haïti est depuis longtemps confronté à des troubles, mais à la fin du mois de février, des gangs ont déclenché des attaques coordonnées avec des hommes armés qui ont pris le contrôle de postes de police, ouvert le feu sur le principal aéroport international qui est resté fermé pendant près de trois mois et pris d'assaut les deux plus grandes prisons d'Haïti.
Selon un rapport publié mardi par l'Organisation internationale pour les migrations, le déplacement de plus d'un demi-million de personnes est principalement dû au fait que les habitants fuient la capitale, Port-au-Prince, pour se réfugier dans d'autres provinces, qui ne disposent pas des ressources nécessaires pour les aider.
En mars, l'organisation a fait état de plus de 362 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays. Depuis, la violence a plus que doublé le nombre de personnes déplacées dans la région sud - déjà ravagée par un tremblement de terre en 2021 - qui est passé de 116 000 à 270 000.
"Presque toutes les personnes déplacées à l'intérieur du pays sont actuellement accueillies par des communautés déjà aux prises avec des services sociaux surchargés et des infrastructures médiocres, ce qui soulève des inquiétudes supplémentaires quant aux tensions susceptibles de déclencher de nouvelles violences", indique le rapport.
Avec plus de 2 500 personnes tuées ou blessées en Haïti au cours des trois premiers mois de l'année, la police nationale haïtienne, en sous-effectif et débordée par des gangs dotés d'arsenaux puissants, n'a pas été en mesure de maîtriser la situation.
Marie Jean, 49 ans, et ses deux enfants ont été déplacés de leur maison de Port-au-Prince après que son mari a été tué par un gang en février. Elle est maintenant hébergée avec ses enfants dans une école publique. "Je vivais dans une maison confortable que mon mari avait travaillé dur pour construire", déclare Marie Jean à l'Associated Press. "Maintenant, je vis dans une situation inhumaine."
Juste Dorvile, 39 ans, est également hébergée dans une école publique avec sa fille de 12 ans et son petit ami, alors que des coups de feu sont constamment entendus dans la région. "Chaque jour, nous espérons survivre", a-t-elle déclaré.
Les gangs contrôlant au moins 80% de Port-au-Prince et les principales routes menant au reste du pays, de nombreuses personnes vivent dans des abris de fortune, notamment dans des écoles et des établissements d'enseignement qui accueillent aujourd'hui plus de 60 000 personnes.
Les gangs font également payer des droits à ceux qui veulent emprunter les autoroutes ou font chanter les chauffeurs pour qu'ils remettent leurs camions détournés sur les routes, où la présence policière est rare.
Le nouveau Premier ministre intérimaire d'Haïti, Garry Conille, qui a été nommé le mois dernier avec un cabinet, a assisté mardi à une cérémonie au cours de laquelle plus de 400 officiers ont reçu leur diplôme de l'académie de police, dans l'espoir qu'ils contribueront à réduire la violence des gangs en Haïti. Il a rappelé aux diplômés que la population comptait sur leur dévouement pour lutter contre l'insécurité.
"Vous devez savoir que vous n'êtes pas seuls", a déclaré M. Conille. "Vous êtes l'espoir de la population à ce moment crucial de notre histoire."
La violence est également en hausse en dehors de la capitale haïtienne. La semaine dernière, des bandes armées ont attaqué des familles situées à Terre-Neuve, un village du nord d'Haïti, forçant plus de 1 000 personnes à fuir leurs maisons pour se réfugier dans des zones plus sûres.
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