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Expulsions au Rwanda : Sunak joue sa survie politique

Expulsions au Rwanda : Sunak joue sa survie politique
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak quitte le 10 Downing Street pour assister à la session hebdomadaire des questions au Premier ministre, le 17 janvier 2024   -  
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Frank Augstein/AP

Royaume-Uni

Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, doit mettre à l'épreuve son autorité et son sang-froid mercredi, alors qu'il tente de maîtriser la rébellion du Parti conservateur et d'obtenir l'approbation du Parlement pour son projet de renvoi de certains demandeurs d'asile au Rwanda, qui est au point mort.

Les députés doivent voter sur un projet de loi visant à surmonter le blocage de la Cour suprême du Royaume-Uni sur le plan rwandais, un jour après qu'une soixantaine de membres du Parti conservateur de M. Sunak se soient rebellés dans le but de rendre la législation plus stricte. Cette dissidence a coûté à M. Sunak deux vice-présidents de son parti, qui ont démissionné pour pouvoir voter contre le gouvernement sur les amendements. Un assistant ministériel a également démissionné.

Une rébellion similaire mercredi condamnerait le projet de loi sur la sécurité au Rwanda, et potentiellement le gouvernement de M. Sunak, en place depuis 15 mois.

Les sondages montrant que les Conservateurs sont loin derrière l'opposition travailliste, M. Sunak a fait de la politique d'immigration controversée - et coûteuse - un élément central de sa tentative de remporter les élections cette année.

Il affirme que l'expulsion des demandeurs d'asile non autorisés dissuadera les gens de faire des voyages risqués à travers la Manche et brisera le modèle commercial des gangs de passeurs."Nous avons un plan. Il fonctionne", a déclaré M. Sunak mercredi à la Chambre des communes.

Il doit convaincre ses collègues conservateurs, ainsi que les électeurs, que c'est vrai. Mais l'aile libérale et l'aile "loi et ordre" des conservateurs - des alliés toujours difficiles - sont à couteaux tirés sur le plan pour le Rwanda.

Les modérés s'inquiètent d'une politique trop extrême, comme l'a souligné l'agence des Nations unies pour les réfugiés, qui a déclaré cette semaine que le plan pour le Rwanda "n'est pas compatible avec le droit international des réfugiés".

Les tentatives des partisans de la ligne dure de durcir le projet de loi en fermant les voies de recours pour les demandeurs d'asile ont échoué mardi, et certains rebelles conservateurs ont déclaré qu'ils s'opposeraient au projet de loi dans son ensemble s'il n'était pas renforcé.

Si une trentaine de députés conservateurs votent contre le projet de loi, cela pourrait suffire, avec les votes de l'opposition, à faire échouer le projet de loi.

Mais de nombreux législateurs conservateurs pourraient hésiter à prendre l'option de tuer la politique emblématique de M. Sunak, ce qui pourrait déclencher des mouvements de panique pour le remplacer ou même déclencher des élections anticipées. Le gouvernement doit convoquer des élections nationales avant la fin de l'année.

M. Sunak insiste sur le fait que le projet de loi va aussi loin que le gouvernement peut le faire, car le Rwanda se retirera de son accord de relogement des demandeurs d'asile si le Royaume-Uni enfreint le droit international.

Le ministre de l'Immigration, Michael Tomlinson, a déclaré qu'il n'y avait qu'un "pouce de différence" entre le gouvernement et ses détracteurs conservateurs, et qu'"en fait, nous voulons tous la même chose". Il s'est dit confiant que le projet de loi "sera adopté ce soir".

Le "plan rwandais" est un élément clé de la promesse de M. Sunak d'"arrêter les bateaux" qui amènent des migrants non autorisés au Royaume-Uni en traversant la Manche depuis la France. Plus de 29 000 personnes ont effectué ce périlleux voyage en 2023, contre 42 000 l'année précédente. Cinq personnes sont mortes la semaine dernière en tentant de mettre à l'eau un bateau depuis le nord de la France, dans l'obscurité et le froid hivernal.

Londres et Kigali ont conclu un accord il y a près de deux ans selon lequel les migrants qui atteignent la Grande-Bretagne en traversant la Manche seraient envoyés au Rwanda, où ils resteraient de manière permanente. La Grande-Bretagne a versé au Rwanda au moins 240 millions de livres (305 millions de dollars) dans le cadre de cet accord, mais personne n'a encore été envoyé dans ce pays d'Afrique de l'Est.

Ce plan a été critiqué par des groupes de défense des droits de l'homme, qui l'ont qualifié d'inhumain et d'irréalisable, et a été contesté devant les tribunaux britanniques. En novembre, la Cour suprême du Royaume-Uni a jugé cette politique illégale car le Rwanda n'est pas un pays sûr pour les réfugiés.

En réponse à cette décision de justice, la Grande-Bretagne et le Rwanda ont signé un traité par lequel ils s'engagent à renforcer la protection des migrants. Le gouvernement de M. Sunak soutient que le traité lui permet d'adopter une loi déclarant le Rwanda comme une destination sûre.

Si elle est approuvée par le Parlement, cette loi permettrait au gouvernement de ne pas appliquer certaines dispositions de la législation britannique en matière de droits de l'homme lorsqu'il s'agit de demandes d'asile liées au Rwanda et rendrait plus difficile la contestation des expulsions devant les tribunaux.

Si le projet de loi est adopté par la Chambre des communes mercredi, il sera transmis à la Chambre des Lords, la chambre haute du Parlement, où il rencontrera davantage d'opposition.

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