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Des Sud-Africains manifestent en soutien de la plainte contre Israël

Des partisans pro-palestiniens font le piquet devant la Haute Cour au Cap, en Afrique du Sud, jeudi 11 janvier 2024.   -  
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Afrique du Sud

Des manifestants et des organisations pro-palestiniennes ont installé jeudi un piquet de grève devant le Western Cape High Court au Cap, en signe de solidarité avec l'équipe de juristes sud-africains qui portent des accusations de génocide contre Israël devant la Cour internationale de justice à la Haye.

De nombreux experts juridiques, universitaires et avocats se sont joints au piquet de grève, vêtus de leur robe de cour, tandis que les manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Fin au génocide", "Le sionisme est synonyme de racisme", et "Libérez la Palestine".

"L'Afrique du Sud a introduit sa demande pour s'assurer qu'il y ait un cessez-le-feu et qu'Israël commette effectivement ces actes de génocide. En outre, nous savons tous que la Cour est composée de 15 membres de différents pays et que l'Afrique du Sud et Israël ont également nommé des juges supplémentaires pour siéger au tribunal. Nous espérons donc que l'ordonnance sera rendue le mois prochain et que les recours que nous avons demandés, nous serons accordés. Ensuite, nous passerons à l'examen de la demande principale,” rapporte Seeham Samaai, avocat et directeur du Centre juridique des femmes.

Le Congrès national africain, au pouvoir en Afrique du Sud, soutient depuis longtemps la cause palestinienne. L'ancien président sud-africain et héros de la lutte anti-apartheid Nelson Mandela avait ainsi affirmé que la liberté de l'Afrique du Sud serait "incomplète" sans celle des Palestiniens.

"Je pense que l'une des choses que nous avons en notre faveur en Afrique du Sud, c'est que nous venons du passé et de l'expérience de l'apartheid et de la ségrégation. Nous avons tous été témoins et avons enduré les difficultés de la vie à cette époque. Nous nous sommes également battus pour libérer notre pays de ce fléau de l'apartheid et c'est pourquoi il est naturel pour nous de nous associer au peuple de Palestine qui lutte contre le même type de fléau à un niveau différent et nous dirions que l'Israël de l'apartheid est également notre ennemi s'il est l'ennemi de la Palestine," explique Osman Shoaboodien, un résident de Bo Kaap.

À La Haye, les avocats de l'Afrique du Sud ont déclaré aux juges de la plus haute juridiction des Nations unies qu'Israël était déterminé à commettre un génocide à Gaza et ont demandé à la Cour d'ordonner d'urgence à Israël de mettre un terme à son opération militaire

Israël a nié avec véhémence ces arguments.

Israël réplique

Au début de deux jours de plaidoiries, l'Afrique du Sud a déclaré que la dernière guerre de Gaza s'inscrivait dans le cadre de décennies d'oppression des Palestiniens par Israël.

Israël a réagi ce jeudi à la saisine de la Cour internationale de Justice par l’Afrique du Sud, l’accusant de perpétrer un génocide dans la bande de Gaza.

La réplique n'a pas tardé. Le ministère israélien des Affaires étrangères a vivement critiqué l'attitude de l'Afrique du Sud, la qualifiant de "bras juridique de l'organisation terroriste Hamas". 

Selon le communiqué du ministère, "l'Afrique du Sud cherche à permettre au Hamas de commettre de nouveau les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité, les crimes sexuels qu'ils ont perpétrés de façon répétée le 7 octobre".

La guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre

Cette attaque a entraîné environ 1140 morts, principalement des civils, selon un décompte basé sur le bilan israélien. En riposte, Israël a promis d'"anéantir" le Hamas au pouvoir à Gaza et a lancé une offensive dans ce territoire palestinien, provoquant au moins 23 357 décès, essentiellement parmi les femmes, les adolescents et les enfants, selon les chiffres communiqués mercredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Selon Pretoria, Israël viole ses engagements pris en vertu de la Convention des Nations unies sur le génocide, signée en 1948 à la suite de l'Holocauste.

Les motivations de Pretoria

La requête de Pretoria tire ses motivations de considérations historiques et politiques. Le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), a constamment apporté son soutien à la cause palestinienne, en la liant à la lutte contre l'apartheid.  Le président actuel, Cyril Ramaphosa, a souligné que Mandela a été une source d'inspiration pour cette démarche devant la justice internationale, mettant en avant qu'il s'agit d'une "question de principe" en réponse aux attaques contre le peuple palestinien.

Toutefois, les motivations du gouvernement sud-africain sont également teintées par des considérations internes. Pour la première fois de son histoire, l'ANC se trouve confronté à la possibilité de perdre sa majorité parlementaire lors des prochaines élections, prévues entre mai et août, dans un contexte socio-économique morose

L'ANC percevrait donc cette démarche comme une opportunité de rétablir une primauté qui s'est érodée au cours des trente dernières années, tandis que sa gouvernance s'éloigne progressivement de ses principes.

L'Afrique du Sud héberge la plus grande communauté juive d'Afrique subsaharienne, mais elle compte également une population musulmane notablement plus nombreuse, dont une partie pourrait exprimer un soutien envers la requête contre Israël. 

La démarche de l'Afrique du Sud pourrait également renforcer sa position sur la scène internationale, notamment au sein des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), considérant ce groupe comme un contrepoids à l'ordre mondial dominé par les États-Unis et l'Europe. 

Pretoria a activement plaidé en faveur de l'élargissement de ce bloc, y compris à l'Iran, grand rival d'Israël.

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