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Liberia : Boakai officiellement élu président, l'élégance de Weah saluée

Liberia : Boakai officiellement élu président, l'élégance de Weah saluée
Le président libérien George Weah prononce un discours lors des célébrations du 75e anniversaire de l'UNESCO à Paris, le 12 novembre 2021.   -  
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Julien de Rosa/AP

Libéria

Le vétéran de la politique libérienne Joseph Boakai a été officiellement déclaré lundi vainqueur de la présidentielle face au sortant George Weah, dont l'élégance dans l'acceptation de la défaite a été saluée sur le continent.

M. Boakai, 78 ans, prendra pour six ans la tête de ce pays anglophone d'environ cinq millions d'habitants, l'un des plus pauvres du monde.

Lundi soir, quelques heures après l'annonce de sa victoire, une voiture a foncé sur une foule de supporteurs du président élu, faisant au moins dix victimes, décédées selon le Parti de l'Unité - la formation politique de M. Boakai -, blessées selon la police.

D'après un responsable de la police, Melvin Sacko, le véhicule a foncé sur les personnes rassemblées et a pris feu. "L'enquête est toujours en cours", a-t-il déclaré. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent de nombreuses personnes ensanglantées allongées au sol, certaines recevant de l'assistance, d'autres inertes.

Silence de Boakai

M. Boakai l'a emporté avec 50,64% des voix, contre 49,36% de voix pour M. Weah, a annoncé lundi devant la presse Davidetta Browne Lansanah, présidente de la commission électorale (NEC), après dépouillement de tous les bulletins de vote.

Vieux routier de la politique, M. Boakai fut de 2006 à 2018 le vice-président d'Ellen Johnson Sirleaf, première femme cheffe d'Etat en Afrique. Il a occupé de nombreux postes au sein de l'Etat et du secteur privé.

Lui qui ne devance M. Weah que de 20 567 voix sur un peu plus de 1,6 million de votants, est resté jusqu'alors étrangement silencieux, alors que ses supporteurs célèbrent à travers le pays depuis vendredi.

Éloges

M. Weah, élu en 2017, a reconnu la victoire de son adversaire dès vendredi soir au vu de résultats presque finaux, s'attirant les éloges de l'étranger pour favoriser ainsi un transfert de pouvoir non-violent.

"Notre heure reviendra", a dit l'ancienne star du football de 57 ans, dont les intentions après la fin officielle de sa présidence en janvier 2024 restent inconnues.

Au-delà du choix de la personne appelée à diriger ce pays en quête de stabilité après les années de guerre civile et d'épidémie d'Ebola, l'un des enjeux de l'élection était le déroulement pacifique et régulier du scrutin. Ainsi que l'acceptation des résultats, alors que la démocratie en Afrique de l'Ouest a été malmenée ces dernières années par une succession de coups d'Etat (Mali, Burkina, Guinée, Niger).

La présidente de la commission électorale a cependant indiqué que cette dernière avait reçu vendredi deux recours du parti de M. Weah contre le déroulement de l'élection dans le comté de Nimba (est). La commission a 30 jours pour enquêter et se prononcer, a-t-elle ajouté.

Maturité

L'Union africaine (UA) a "félicité" lundi Joseph Boakai pour son élection et salué "le sens de l'Etat" de George Weah, en invitant également "toutes les parties à continuer à faire preuve de maturité et à engager le dialogue pour consolider la démocratie".

"Les Libériens ont démontré une fois de plus que la démocratie est vivante dans l'espace CEDEAO et que le changement par des voies pacifiques est possible", s'est félicité dans un communiqué la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, aux premières loges des changements abrupts de régime depuis 2020.

A Washington, Joe Biden a également félicité Joseph Boakai pour avoir remporté une élection présidentielle "libre et juste". "Je veux aussi saluer (le président sortant) George Weah pour avoir respecté la volonté du peuple et avoir fait passer le patriotisme avant le calcul politique", a encore commenté le président américain dans un communiqué.

Plusieurs présidentielles sont prévues en 2024 en Afrique de l'Ouest, au Sénégal, au Ghana (membres de la CEDEAO), en Mauritanie, théoriquement au Mali et au Burkina Faso, dirigés par des militaires.

Guerres civiles

Cette élection était la première organisée sans la présence de la mission des Nations unies au Liberia créée en 2003 (et partie en 2018) pour garantir la paix après les guerres civiles.

Des affrontements pendant la campagne ont fait plusieurs morts. Des incidents ont été rapportés entre les deux tours, faisant craindre des lendemains d'élection agités, surtout en cas d'issue serrée.

Le scrutin a été suivi par de nombreux observateurs étrangers et libériens, et les missions de l'Union européenne et de la CEDEAO ont salué le déroulement globalement pacifique du second tour.

L'élection a eu lieu 20 ans après la fin des guerres civiles au Liberia, qui ont fait plus de 250 000 morts entre 1989 et 2003 et dont le souvenir reste vivace. L'ombre de cette histoire sanglante a nourri l'inquiétude, que M. Weah a dissipée en grande partie vendredi en s'inclinant devant M. Boakai.

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