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Kenya : les défaillances de la justice ont permis le massacre de Shakahola

Kenya : les défaillances de la justice ont permis le massacre de Shakahola
Le site du charnier de Shakahola, dans la ville côtière de Malindi, le 25 avril 2023.   -  
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YASUYOSHI CHIBA/AFP or licensors

Kenya

Des défaillances de la justice et de la police kényanes ont permis à Paul Nthenge Mackenzie de prêcher un jeûne extrême, malgré plusieurs alertes sur ce pasteur autoproclamé aujourd'hui accusé de la mort d'au moins 428 personnes.

Le pasteur Mackenzie est en détention depuis le 14 avril, au lendemain de la découverte de premières victimes dans la forêt de Shakahola, où se réunissaient les adeptes de son Église internationale de Bonne Nouvelle, à qui il prêchait de jeûner jusqu'à la mort pour rencontrer Jésus avant la fin du monde en août 2023. Depuis, 428 corps ont été déterrés dans cette zone de bush du sud-est du Kenya, où les recherches sont toujours en cours. Un des coaccusés est par ailleurs mort en détention.

Baptisé _massacre de Shakahola_ce scandale a suscité la stupeur au Kenya, pays majoritairement chrétien comptant 4 000 églises officielles.

Le Kenya a connu des décès liés à l'extrémisme religieux dans le passé, mais la tragédie de Shakahola comptabilise le plus grand nombre de morts, rappelle une commission d'enquête sénatoriale, soulignant que ce bilan dépasse les pires attentats djihadistes sur son sol.

Né en 1976, chauffeur de taxi avant de se proclamer pasteur, Paul Nthenge Mackenzie avait été confronté à la justice dès 2017 pour ses prêches extrêmes. Mais le système de justice pénale n'a pas réussi à empêcher les atroces activités de Paul Mackenzie à Shakahola, affirme la commission, évoquant quatre affaires en 2017 et 2019.

En 2017, il a notamment été acquitté d'accusations de radicalisation, alors qu'il dispensait illégalement un enseignement scolaire. Il rejetait en effet le système éducatif traditionnel, qu'il disait non conforme à la Bible. En 2019, il a été accusé d'être lié à la mort de deux enfants ayant succombé à la faim et à la suffocation et enterrés dans la forêt de Shakahola. Il avait été libéré sous caution, dans l'attente d'un procès.

Mises en garde

La commission relève par ailleurs la responsabilité de la police locale, qui avait enregistré des plaintes récurrentes de chefs religieux et de la communauté locale contre ses activités dès 2017.

Ces plaintes dénonçaient notamment l'opposition du pasteur aux systèmes éducatif et médical, mais aussi la radicalisation d'adultes pour qu'ils démissionnent de leur travail et rejoignent l'église ou le fait de retenir des gens en otage.

Elle souligne également l'inaction du Comité de sécurité du comté de Kilifi qui, lui aussi saisi de plaintes, a convoqué Paul Mackenzie et l'a mis en garde contre ses enseignements radicaux et le fait de soumettre ses adeptes à des conditions inhumaines.

Face à une législation actuelle inadaptée, la commission appelle le parlement à adopter le projet de loi de 2023 sur les organisations religieuses, afin de fournir un cadre législatif pour la réglementation des organisations religieuses.

Les recherches de corps et l'enquête sont toujours en cours à Shakahola.

Une fois terminées, Mackenzie et 29 coaccusés seront formellement mis en accusation. Le pasteur sera notamment poursuivi pour terrorisme, ont annoncé en mai les procureurs.

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