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Libérée des coupures d'électricité, la capitale libyenne retrouve son lustre

Une rue de la capitale libyenne Tripoli, le 15 août 2023   -  
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Yousef Murad/Copyright 2023 The AP. All rights reserved.

Libye

Pour la première fois depuis des lustres, les Libyens ont traversé l'été sans les coupures d'électricité chroniques des années précédentes. Ils redécouvrent leur capitale Tripoli et ses espaces publics éclairés à la nuit tombée, grâce à un réseau enfin stabilisé après une décennie de tumulte.

Les pénuries incessantes de courant dues à un réseau vétuste et abîmé par les affrontements entre groupes armés et des pillages, rythmaient le quotidien des Libyens depuis la chute en 2011 du dictateur Mouammar Kadhafi. Après 42 ans de règne, il avait laissé derrière lui des infrastructures obsolètes, une économie fortement dépendante du pétrole et une main d'oeuvre peu qualifiée.

Pour préserver le réseau, la Compagnie générale d'électricité Gecol avait recours ces dix dernières années à des délestages parfois interminables lors des pics de consommation en hiver et l'été.

Avec une nouvelle direction à la Gecol en juillet 2022 et un plan de restructuration, couplé à une certaine accalmie après des années de guerre, l'approvisionnement en électricité s'est nettement amélioré. Des compagnies étrangères, visiblement rassurées, ont même relancé des projets mis en suspens des années durant.

"Insupportable"

Jusqu'à l'année dernière, les coupures pouvaient durer 20 heures d'affilée à Tripoli, une situation intenable sans climatisation quand les températures dépassent les 40 degrés.

La population a dû s'adapter: beaucoup ont investi dans des batteries pour quelques dizaines d'euros permettant d'alimenter un poste de télévision, une ou deux lampes et une connexion de base à internet. Les plus aisés se sont équipés de générateurs puissants mais bruyants, polluants et gourmands en gazole, pouvant coûter plusieurs milliers d'euros.

Bouchers, pâtissiers ou glaciers rencontraient souvent des difficultés à respecter la chaîne du froid.

"La situation s'est améliorée et les clients le remarquent", se réjouit Moaed Zayani, boucher de 34 ans qui vend également des produits congelés. Car "même avec un groupe électrogène, au bout de 10 heures les réfrigérateurs faiblissent", relate-t-il.

"Pendant des années, les coupures étaient une catastrophe pour mon business", abonde Hanane al-Miladi, 43 ans, qui vend en ligne des pâtisseries pour les mariages et fêtes. Le plus "insupportable, c'était de ne jamais savoir quand l'électricité serait coupée ni pour combien d'heures", raconte cette veuve qui élève seule trois adolescents.

"Retour à la vie"

La Gecol communique régulièrement sur l'installation de nouveaux équipements dans la vingtaine de centrales électriques du pays. Ce qui n'a pas empêché, lors d'un épisode caniculaire en juillet, le vrombissement des générateurs de retentir à nouveau dans la ville à la suite de diverses pannes et problèmes de surchauffe.

Depuis un cessez-le-feu en 2020 entre les camps rivaux de l'Est et l'Ouest du pays et l'établissement d'un exécutif intérimaire en 2021 à Tripoli, le pays d'à peine 7 millions d'habitants, qui regorge d'hydrocarbures, s'attelle à sa reconstruction.

La stabilité retrouvée du réseau électrique, étendard de la campagne "Retour à la vie" initiée par le gouvernement reconnu par l'ONU et basé à l'Ouest, contribue à redonner de l'éclat à Tripoli, surnommée par ses habitants la "Sirène de la Méditerranée" pour l'attrait de son front de mer autrefois blanchi à la chaux.

"Il est évident que la stabilité administrative au sein de la Gecol a contribué à celle du réseau. Mais les consommateurs ont aussi un rôle à jouer en réduisant leur consommation et en payant leurs factures", estime Mohamad Rahoumi, 53 ans, un responsable dans une enseigne de pâtisseries.

Les tarifs de l'électricité en Libye sont parmi les plus bas de la région: 0,050 dinar (soit 0,01 euro) le kilowatt/heure pour les particuliers et 0,20 dinar (soit 0,04 euro) pour les commerces.

En cette fin du mois d'août, une veille de week-end, il est minuit et les embouteillages sur la corniche de Tripoli rappellent ceux des heures de pointe.

La silhouette de la Saraya, une forteresse édifiée par les Espagnols au 16e siècle, et la médina, illuminée pour les "Nuits d'été", symbolisent l'espoir d'un retour à la normale.

"Les efforts du gouvernement sont visibles mais il reste chez les citoyens une appréhension permanente due à l'instabilité", note Abdelmalek Fathallah, 34 ans, serveur dans le centre-ville.

Les affrontements entre groupes armés rivaux, bien que moins fréquents cette année, "peuvent éclater à tout moment. Ils sont aveugles et détruisent autant les infrastructures que les maisons", témoigne-t-il.

Cela s'est produit mi-août, lorsque les pires combats entre groupes armés depuis un an à Tripoli ont fait 55 morts et 146 blessés.

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