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Zimbabwe : Nelson Chamisa, le "jeune" pasteur veut créer la surprise

Le chef de l'opposition zimbawéenne, Nalson Chamisa, lors d'un meeting le mercredi 26 juillet 2023   -  
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Tsvangirayi Mukwazhi/AP

Zimbabwe

Militant depuis des décennies, le chef de l'opposition au Zimbabwe et prétendant à la fonction suprême Nelson Chamisa, avocat et pasteur de 45 ans, se fait encore appeler "le jeune homme".

Ce surnom souligne sa différence d'âge avec le président sortant Emmerson Mnangagwa, 80 ans, dit "le crocodile" pour son caractère impitoyable, qu'il affronte mercredi.

Il permet aussi d'éviter de prononcer son nom en public, dans un pays où la Zanu-PF, au pouvoir depuis l'indépendance, impose depuis des mois une répression sans nuances de la dissidence.

Le Zimbabwe, riche en or et minéraux, ressemble de plus en plus à une "dictature", a affirmé à l'AFP M. Chamisa en début d'année, à la tête de la Coalition des citoyens pour le changement (CCC).

Ses chances de l'emporter semblent infimes. Les meetings du "Triple C" ont été interdits, certains de ses élus arrêtés et jetés en prison, et les craintes de fraude sont répandues.

Chamisa connaît ça par coeur. Silhouette mince et fine moustache, il a été arrêté plusieurs fois pour ses activités politiques. En 2007, il est battu à coups de barre de fer et laissé pour mort, une agression imputée à des voyous du parti au pouvoir.

En 2021, il échappe à ce qu'il qualifie de tentative d'assassinat lorsque des tirs visent son convoi. Une balle traverse le siège arrière gauche de sa voiture, sa place habituelle. "J'ai de la chance d'être en vie", dit-il.

Etudiant, il rejoint le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) lors de sa création en 1999. Il en prendra la tête après la mort de son mentor, Morgan Tsvangirai, en 2018.

La même année, Chamisa a failli battre Mnangagwa lors d'un scrutin très serré, le premier organisé après l'éviction de l'homme fort Robert Mugabe. Il conteste le résultat mais perd devant les tribunaux. Des violences éclatent, six manifestants sont tués par l'armée.

En 2022, Chamisa quitte le MDC et crée son parti, dont le jaune est la couleur, décidé à retenter sa chance. Des électeurs effarés par l'économie sinistrée du Zimbabwe, la corruption et l'inflation galopante, se rallient mais il n'est pas épargné des critiques, y compris dans son propre camp.

Vision peu précise

"Il est aussi extrêmement sûr de lui, sans doute à tort", estime Nicole Beardsworth, universitaire sud-africaine.

Son style de leadership centralisé prive le CCC de structures, de crainte aussi d'être infiltré par le pouvoir en place. Ses détracteurs estiment qu'il a affaibli le parti, produisant confusion et désorganisation à l'approche du scrutin.

Le CCC présente des candidats dans certaines circonscriptions, est absent dans d'autres. Il a aussi du mal à s'affirmer dans les zones rurales, ses critiques lui reprochant de n'avoir pas mené une campagne convaincante pour l'inscription de nouveaux électeurs.

Certains lui reprochent aussi de n'avoir pas réussi à formuler un programme, une vision pour le pays.

Dieu et la religion occupent une place prépondérante dans les messages de Chamisa, aliénant certains électeurs urbains.

Né à Masvingo, au sud de la capitale Harare, Chamisa a étudié le droit, les sciences politiques et la théologie. Il attribue sa carrière à l'insistance de ses parents pour qu'il excelle à l'école.

À la tête d'un important syndicat étudiant à la fin des années 1990, il est l'un des organisateurs des manifestations contre le gouvernement de Mugabe. Il gravit les échelons du MDC, devenant chef de son mouvement de jeunesse et porte-parole.

Il développe son aisance dans les prises de parole, écrit des discours passionnés et teintés d'humour, qui contrastent avec le sombre Mnangagwa.

Dans le gouvernement de partage du pouvoir mis en place en 2008, il devient le plus jeune ministre, en charge de l'Information.

"Chamisa est très charismatique", souligne l'universitaire zimbabwéen Brian Raftopoulos, qui cite, parmi "ses faiblesses", "son incapacité à rendre des comptes au sein de son propre parti" et une "absence de vision à long terme".

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