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Soudan : des appels à négocier pour arrêter les "crimes de guerre"

Soudan : des appels à négocier pour arrêter les "crimes de guerre"
Des panaches de fumée s'échappent d'un incendie dans un entrepôt de bois dans le sud de Khartoum, au milieu des combats en cours, le 7 juin 2023   -  
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Soudan

Human Rights Watch (HRW) a exhorté mardi la Cour pénale internationale (CPI) à enquêter sur les "crimes de guerre" au Darfour, où les combats se poursuivent malgré les appels à une "sortie de crise négociée" au Soudan, ravagé par la guerre depuis trois mois.

Les raids aériens font de nouveau trembler la capitale, rapportent des habitants sous les tirs à l'arme automatique.

Pourtant lundi, le Quartet de l'IGAD, le bloc d'Afrique de l'Est auquel appartient le Soudan, avait réclamé "un cessez-le-feu inconditionnel" devant les représentants des Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires), présents à la réunion d'Addis Abeba, qui a été toutefois boycottée par l'armée soudanaise.

Pour les experts, les chefs des deux camps, le général Mohamed Hamdane Daglo qui dirige les paramilitaires et le commandant de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, ont depuis le début le 15 avril des hostilités fait le choix d'une guerre d'usure et d'une victoire militaire plutôt que des négociations et des concessions.

Pour l'ambassadeur américain John Godfrey, évacué du Soudan en avril, "une victoire militaire d'un des deux belligérants signifierait un coût humain et des dégâts inacceptables pour le pays", déjà l'un des plus pauvres au monde.

Il faut "une sortie de crise négociée" qui "ne doit pas - et ne peut pas - être un retour au statu quo d'avant le 15 avril", quand les deux généraux aujourd'hui en guerre tenaient ensemble les rênes du pays après avoir limogé les civils à l'issue d'un putsch, plaide-t-il.

À Addis Abeba, l'IGAD a réclamé lundi d'"étudier un possible déploiement" au Soudan de la Force Est-Africaine en attente (EASF) "pour protéger les civils et garantir l'accès humanitaire", une action dont la réalité opérationnelle se heurte à de nombreux défis.

Le président kényan William Ruto, à la tête du Quartet, a réclamé "une zone humanitaire, dans un rayon de 30 km autour de Khartoum, pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire", dont plus de la moitié des Soudanais ont désormais besoin pour survivre. C'est sa présidence que l'armée soudanaise rejette. Elle accuse M. Ruto d'être du côté des FSR.

Les FSR, elles, sont sous le feu des critiques des défenseurs des droits humains depuis près de trois mois. Car la guerre - dont le bilan très sous-estimé est de 3 000 morts et trois millions de déplacés et réfugiés - charrie son lot d'exactions.

Pillages, viols, exécutions sur base ethnique, de nombreux habitants de Khartoum et du Darfour, frontalier du Tchad, ont fait à l'AFP le récit glaçant de la litanie des atrocités commises en majorité par les FSR selon eux.

Pour HRW, des dizaines de personnes ont été tuées et blessées quand "plusieurs milliers" de combattants des FSR et de tribus arabes ont attaqué fin mai Misterei au Darfour.

Arrivés à l'aube sur "des pick-up, des motos et à cheval", ils ont "presque entièrement incendié" la ville de 46 000 habitants, selon HRW. Face à eux, des civils armés Massalit - l'une des principales ethnies non arabes du Darfour - d'un groupe d'autodéfense local ont répliqué.

"Les FSR et des tribus arabes ont exécuté sommairement au moins 28 Massalit", rapporte l'ONG.

Des civils ont été pourchassés dans des écoles et des mosquées où ils avaient trouvé refuge. Les assaillants se sont rendus au moins huit fois dans des écoles à la recherche d'hommes qu'ils ont exécuté sommairement, selon des témoignages.

"Nombre de ces violations s'apparentent à des crimes de guerre", estime l'ONG, exhortant la CPI - qui enquête déjà sur les crimes commis au Darfour dans les années 2000 - à se saisir de Misterei. Il faut "une réponse internationale plus forte à ce conflit qui s'étend", plaide Jean-Baptiste Gallopin, chercheur à HRW.

Fuyant les violences au Darfour, plus de 230 000 personnes sont arrivées au Tchad, selon l'ONU. "Elles arrivent blessées, apeurées, avec leurs enfants et quelques habits. Elles ont besoin de sécurité et d'aide humanitaire", affirme le Programme alimentaire mondial (PAM).

Mais deux obstacles majeurs se dressent devant les humanitaires : la malnutrition, alors que "selon les estimations plus de 10% des enfants arrivant au Tchad sont malnutris", et la saison des pluies, qui met chaque jour de nouvelles routes hors d'usage.

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