Soudan
L’ONU a prévenu dimanche que le Soudan était "au bord d'une guerre civile totale potentiellement déstabilisatrice pour toute la région", au lendemain de la mort de dizaines de civils dans un raid de l'armée de l'air sur le quartier de Dar al-Salam à Omdourman, la banlieue nord-ouest de la capitale.
Le bilan publié par le ministère de la santé fait état de 22 morts et plusieurs blessés parmi les civils. Alors que les paramilitaires en conflit avec l’armée ont dénoncé "la perte tragique de plus de 31 vies et de nombreux blessés".
Mais l'armée a assuré dans un communiqué dimanche que ses "forces aériennes n'avaient visé aucun objectif samedi dans ce quartier résidentiel".
Alors que le même jour selon des témoins, elle aurait encore frappé le centre de Khartoum aux abords du palais présidentiel. Ce que contestent ses responsables.
Aucun respect des droits humains
Près de trois millions de Soudanais ont été forcés de quitter leur maison --dont plus de 600.000 pour l'étranger, principalement l'Egypte au nord et le Tchad à l'ouest-- tant les exactions venues des deux camps se multiplient.
Farhan Haq, un porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a ainsi dénoncé "une absence totale de respect du droit humanitaire et des droits humains", notamment au Darfour, région martyre dans les années 2000 de nouveau au cœur de combats.
Dans cette vaste région de l'ouest du Soudan, où des combattants tribaux et des civils armés ont rejoint les deux camps en guerre, les combats ont pris une "dimension ethnique", affirme l'ONU alors que des habitants rapportent des "exécutions" sur la base de l'origine ethnique.
Partis du cœur de la capitale, les combats, les raids aériens et les pillages qui s'ensuivent inlassablement ont gagné le Darfour ainsi que le Kordofan, au sud de Khartoum, et le Nil Bleu, frontalier de l'Ethiopie au sud.
Dans la nuit, des habitants ont de nouveau rapporté des combats à El-Obeid, chef-lieu du Kordofan-Nord.
Médiation
Pour tenter une sortie de crise, l'ONU plaide pour les propositions de l'Igad.
Ce bloc de l'Afrique de l'Est réunira lundi à Addis Abeba des dirigeants des quatre pays à la manœuvre sur le dossier soudanais: l'Ethiopie, le Kenya, la Somalie et le Soudan du Sud.
Un responsable de l'Igad a indiqué à l'AFP que les deux généraux en guerre avaient été invités, affirmant toutefois qu'ils pourraient envoyer des lieutenants à Addis Abeba.
Depuis le 15 avril, le général Burhane n'a été filmé que deux fois avec ses hommes et le général Daglo n'est apparu que quelques secondes dans une vidéo tournée par ses troupes. Les deux hommes n'interviennent plus que par messages sonores ou médias interposés.
Khalid Omer Yousif, l'un des responsables civils limogés du gouvernement en 2021 par le coup d'Etat des deux généraux aujourd'hui en guerre, a de son côté annoncé que plusieurs figures civiles étaient à Addis Abeba pour "discuter avec des acteurs soudanais et internationaux afin d'accélérer les efforts de paix".
Des négociations menées par Américains et Saoudiens n'ont jusqu'ici accouché que de trêves temporaires, quasiment jamais respectées.
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