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Les Sierra-Léonais votent pour élire leur président

Les Sierra-Léonais ont commencé à voter samedi pour des élections présidentielles et parlementaires très disputées, dans un contexte de crise du coût de la vie   -  
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Sierra Leone

Les Sierra-Léonais votent samedi pour élire leur président, le chef d'Etat sortant Julius Maada Bio briguant un second mandat dans une période économique éprouvante.

Le vote, qui doit s'achever à 17H00 (locales et GMT), a démarré avec retard à Wilberforce Barracks, un centre de vote à Freetown, selon des journalistes de l'AFP. Environ 3,4 millions de personnes sont appelées à choisir entre 13 candidats.

Boubacar Conteh, 27 ans, dit être venu de Wellington, dans l'est de Freetown, à 04H00. "Je suis venu tôt pour voter" car "je veux que mon pays change".

Cette présidentielle est la revanche de 2018 entre l'ancien militaire à la retraite de 59 ans et son concurrent technocrate Samura Kamara, 72 ans, chef du Congrès de tout le peuple (APC). M. Bio, candidat du Parti du peuple de la Sierra Leone (SLPP), l'avait emporté au second tour avec 51,8% des voix.

Depuis, M. Bio a eu à gouverner l'un des pays les plus pauvres de la planète, durement touché par le Covid-19 puis la guerre en Ukraine. L'ancienne colonie britannique peinait déjà à se remettre d'une guerre civile sanglante (1991-2002) et de l'épidémie d'Ebola (2014-2016).

L'inflation et l'exaspération à l'encontre du gouvernement ont provoqué en août 2022 des émeutes qui ont causé la mort de 27 civils et six policiers.

Vie chère

M. Bio s'est fait le champion de l'éducation et des droits des femmes. Il a dit à l'AFP privilégier l'agriculture et réduire la dépendance de son pays aux importations alimentaires au cours d'un second mandat.

Son principal adversaire, Samura Kamara, ministre des Finances puis des Affaires étrangères avant l'avènement de M. Bio en 2018, compte restaurer la confiance dans les institutions économiques nationales et attirer les investisseurs étrangers, a-t-il déclaré à l'AFP.

Un candidat doit recueillir 55% des votes valables pour être élu au premier tour.

Les Sierra-Léonais éliront au même moment leur Parlement et les conseils locaux. Un tiers des candidats devront être des femmes, en vertu d'une nouvelle loi.

La cherté de la vie est la préoccupation commune à une très grande majorité de Sierra-Léonais. Les prix de produits de base comme le riz sont montés en flèche. L'inflation était en mars de 41,5% sur un an.

"Les gens ont beaucoup de mal ne serait-ce qu'à se payer trois repas par jour", dit un jeune homme de 19 ans du bidonville de Cockle Bay, à Freetown, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.

"En plus, le gouvernement viole nos droits fondamentaux, à commencer par la liberté d'expression", dit-il.

Après des décennies de troubles, de coups d'Etat et de régimes autoritaires, la Sierra Leone élit son président depuis la fin des années 1990.

M. Bio lui-même a été membre d'un groupe d'officiers qui avait pris le pouvoir par la force en 1992 et leader en 1996 d'un nouveau putsch à l'issue duquel il organisa des élections libres avant de partir pour les Etats-Unis.

Heurts à Freetown

Les défenseurs des droits dénoncent la persistance de graves abus, y compris de la part du gouvernement ou au nom du gouvernement. L'ouverture en février d'un procès pour corruption contre Samura Kamara juste après sa désignation comme candidat de l'APC a soulevé des questions.

La maire sortante de la capitale, Yvonne Aki-Sawyerr, membre populaire de l'APC et candidate à sa réélection, a elle aussi eu maille à partir avec la justice.

Les analystes soulignent cependant qu'une grande partie des Sierra-Léonais devraient se déterminer bien plus en fonction des appartenances régionales que du prix des denrées ou du respect des droits, et feront le calcul que l'argent et le travail iront aux régions dont les représentants seront associés au vainqueur de la présidentielle.

Le risque de violence est l'une des inconnues, bien que la campagne ait été plus calme que les fois précédentes à Freetown, où des heurts ont opposé mercredi des forces de sécurité et des partisans de l'APC.

Macksood Gibril Sesay, ancien membre de la commission électorale, se dit inquiet du fait qu'après les émeutes d'août 2022, il n'y ait "pas eu de processus de guérison". "Tout le monde sait bien que les élections sont une période où il suffit d'une étincelle pour qu'il y ait le chaos partout", dit-il.

La désinformation, elle, abonde de part et d'autre et les réseaux sociaux devraient exercer une influence qu'ils n'ont encore jamais eue.

Environ trois millions de personnes ont désormais accès à internet, alors qu'elles n'étaient que 370.000 en 2018, selon le ministre de l'Information Mohamed Rahman Swaray.

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