Ouganda
Dans une morgue de l'Ouest de l'Ouganda, des familles désemparées attendent dimanche d'être fixées sur le sort de leurs proches après le raid jihadiste dans un lycée qui a causé la mort atroce de plusieurs dizaines d'étudiants.
Au moins 41 personnes ont été tuées dans la nuit de vendredi à samedi, majoritairement des étudiants, dans cette attaque, la pire de ce type perpétrée dans le pays depuis des années.
L'assaut a visé le lycée Lhubiriha à Mpondwe, près de la frontière avec la République démocratique du Congo (RD Congo). Des responsables de l'armée et de la police ougandaise ont incriminé des membres des Forces démocratiques alliées (ADF), une milice islamiste qui a prêté allégeance au groupe Etat islamique.
Les victimes ont été attaquées à coup de machettes, abattues et brûlées vives lors de cette attaque qui a choqué l'Ouganda et suscité de vives condamnations internationales.
Les assaillants ont fui vers le parc des Virunga situé en territoire congolais, enlevant également six personnes après leur raid meurtrier, selon l'armée et la police ougandaise qui ont promis de libérer ces otages.
De nombreuses victimes ont été brûlées au-delà de toute reconnaissance possible lorsque les assaillants ont incendié un dortoir verrouillé dans le lycée, compliquant l'identification des victimes.
Dans une morgue de Bwera, ville proche du lieu de l'attaque, des familles ont pleuré lorsque les corps de leurs proches ont été mis dans des cercueils puis emportés pour être enterrés.
Mais beaucoup d'autres familles sont toujours sans nouvelles de leurs proches disparus.
Les dépouilles de nombreuses victimes dans l'incendie du lycée ont été transférées dans la ville de Fort Portal où des tests ADN doivent être réalisés.
L'attaque contre ce lycée est la plus meurtrière en Ouganda depuis le double attentat à Kampala en 2010 qui avait fait 76 morts lors d'un raid revendiqué par le groupe islamiste des shebab basé en Somalie.
"Ils vont payer"
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a qualifié cette attaque "d'effroyable" tandis que Washington, un allié proche de l'Ouganda, et l'Union africaine ont également condamné ce bain de sang et présenté leurs condoléances.
Dix-sept étudiants ont été brûlés dans leur dortoir et 20 étudiantes ont été tuées à coups de couteau, a déclaré la Première dame ougandaise et ministre de l'Education, Janet Museveni.
Un agent de sécurité et trois autres personnes ont également été tués, ont indiqué des responsables.
L'armée va traquer "ces personnes diaboliques et elles vont payer pour ce qu'elles ont fait", a déclaré Mme Museveni samedi.
Mais des questions ont été soulevées sur la façon dont les assaillants ont réussi à déjouer la surveillance dans une région frontalière où règne une forte présence militaire.
Le lycée se trouve à moins de deux kilomètres de la frontière avec la RD Congo, où les ADF sont actives et sont accusées d'avoir tué des milliers de civils depuis les années 1990.
Le général de division Dick Olum a déclaré samedi à l'AFP que les services de renseignement ont signalé une présence des ADF dans la région au moins deux jours avant l'attaque, soulignant la nécessité d'ouvrir une enquête.
Selon cet officier, les assaillants avaient des informations détaillées sur l'école.
L'Ouganda et la RD Congo ont lancé une offensive conjointe en 2021 pour chasser les ADF de leurs bastions congolais, mais ces opérations n'ont jusqu'à présent pas permis de mettre fin aux attaques du groupe.
En juin 1998, 80 étudiants avaient été brûlés vifs dans leurs dortoirs lors d'une attaque des ADF contre l'Institut technique de Kichwamba près de la frontière de la RD Congo.
Plus de 100 étudiants avaient été enlevés.
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