Kenya
L'opposition kényane va reprendre à partir du 2 mai les manifestations contre le gouvernement, près de trois semaines après avoir suspendu les rassemblements pour participer à un dialogue avec les autorités.
"Nous allons reprendre les rassemblements à partir du 2 mai, les manifestations seront circonscrites à Nairobi", la capitale kényane, a déclaré à l'AFP Dennis Onyango, porte-parole de Raila Odinga, vétéran de l'opposition qui a organisé en mars plusieurs rassemblements contre la vie chère.
M. Onyango n'a pas donné plus de détails sur les raisons de la reprise des manifestations.
M. Odinga avait organisé à partir du 20 mars des manifestations bi-hebdomadaires, le lundi et le jeudi, accusant le président William Ruto d'avoir "volé" la présidentielle d'août mais aussi d'être incapable de juguler la flambée des prix. Ces rassemblements ont été interdits par la police.
Raila Odinga, 78 ans, plusieurs fois candidat malheureux à la présidentielle, avait suspendu début avril les rassemblements pour participer à un dialogue avec le gouvernement.
Selon le président kényan, qui avait appelé la population à respecter l'état de droit, une commission parlementaire bipartite devait explorer les possibilités de réviser le code électoral. Le chef de l'Etat avait toutefois exclu toute alliance avec son rival.
M. Odinga avait salué "le rameau d'olivier" présenté par M. Ruto, mais averti que les manifestations pourraient reprendre s'il n'y avait aucun progrès.
Trois personnes dont un policier sont mortes pendant les manifestations, également marquées par des pillages et des actes de vandalisme. Les manifestants ont été tués, selon les premiers éléments, par des tirs de la police, à Kisumu, dans l'ouest du Kenya, un des bastions de l'opposition.
L'institution chargée de superviser l'action des forces de l'ordre avait annoncé l'ouverture d'une enquête.
Selon le Media Council of Kenya, qui défend les droits de la presse dans ce pays d'Afrique de l'Est, "25 cas d'agressions contre des journalistes locaux et étrangers" travaillant pour des "acteurs étatiques et non étatiques" avaient été recencés durant les manifestations.
Appels au calme
De nombreux Kényans luttent pour se nourrir au quotidien, confrontés à l'inflation (9,2 % sur un an en février, avec 13,3 % pour les seuls prix alimentaires), la dépréciation du shilling kényan et une sécheresse inédite dans certaines parties du pays.
La communauté internationale et les chefs religieux avaient appelé au calme, craignant que la situation ne dégénère en violences ethniques telles que celles observées après les élections de 2007-2008 qui avaient fait plus de 1 100 morts.
M. Odinga, qui concourait pour la cinquième fois en vue d'occuper les plus hautes fonctions, conteste toujours les résultats de la présidentielle du 9 août 2022, malgré le rejet de son recours par la Cour suprême.
Selon les chiffres officiels, M. Odinga a perdu face à M. Ruto d'environ 233.000 voix, l'un des écarts les plus serrés de l'histoire du Kenya, et alors qu'il était soutenu dans ce scrutin par le président sortant Uhuru Kenyatta.
Les manifestations dans ce pays ont poussé fin mars l'Union africaine à appeler "au calme et à entamer un dialogue", à l'instar du Royaume-Uni et d'autres pays.
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