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Soudan : la rivalité entre généraux dégénère en guérilla, 3 civils tués

De la fumée s'élève d'un quartier de Khartoum, au Soudan, le samedi 15 avril 2023   -  
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Marwan Ali/Copyright 2023 The AP. All rights reserved.

Soudan

Trois civils ont été tués samedi au Soudan où la rivalité entre les deux généraux aux commandes depuis le putsch de 2021 a dégénéré en combats de rue, raids aériens et menaces par médias interposés.

Les paramilitaires "ne s'arrêteront pas avant d'avoir pris le contrôle de l'ensemble des bases militaires", a menacé, parlant vite et fort au téléphone sur la chaîne al-Jazeera, leur commandant, le général Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemedti".

Déployées dans Khartoum depuis le matin, ses Forces de soutien rapide (FSR) ont dit avoir pris l'aéroport international et le palais présidentiel. Elles appellent désormais l'ensemble de la population, parmi laquelle les soldats, à se retourner contre l'armée.

Le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, lui, assure avoir été "surpris à neuf heures du matin" par une attaque sur son QG des FSR, son ancien meilleur allié que l'armée qualifie désormais de "milice soutenue par l'étranger" pour mener sa "trahison" et diffuser des "mensonges".

Des deux côtés, finies les négociations feutrées sous l'égide de diplomates et autres discussions policées, l'armée a mobilisé ses avions pour frapper --et "détruire", dit-elle-- des bases des FSR à Khartoum. Hemedti, lui, a agoni sur Al-Jazeera son rival d'insultes: c'est un "criminel" qui a "détruit le pays", a-t-il lancé.

Les 45 millions de Soudanais, eux, se sont brutalement réveillés en plein coeur du jeûne de ramadan et sous un soleil de plomb, au son des tirs à l'arme lourde et des explosions à Khartoum mais dans plusieurs autres villes également.

Selon un premier bilan du syndicat officiel des médecins, trois civils ont été tués, dont deux à Khartoum et un à El-Obeid, dans le sud du pays.

Les deux camps s'affrontent désormais pour le contrôle du siège des médias d'Etat, selon des témoins, alors que le signal de la télévision, un temps faible, semble avoir cessé.

L'ONU, l'Union africaine, la Ligue arabe et Washington ont réclamé une cessation "immédiate" des hostilités.

"A l'abri"

Lors du putsch, Hemedti et Burhane avaient fait front commun pour évincer les civils du pouvoir. Mais au fil du temps, Hemedti --dont de nombreux hommes sont des ex-miliciens formés au combat dans la région du Darfour (ouest)-- n'a cessé de dénoncer le coup d'Etat.

Récemment même, il s'est rangé du côté des civils --donc contre l'armée dans les négociations politiques-- bloquant les discussions et donc toute solution de sortie de crise au Soudan.

Depuis des jours, la rue bruissait de rumeurs sur une guérilla imminente entre les deux camps. Samedi matin, Khartoum s'est réveillée au son des tirs à l'arme lourde et légère et des explosions quasi-ininterrompues.

En quelques heures, les FSR ont annoncé avoir pris l'aéroport international de Khartoum, en plein coeur de la capitale, puis le palais présidentiel où siège habituellement le général Burhane, ainsi que le palais réservé aux hôtes de l'Etat, un aéroport du nord du pays et "d'autres bases dans différentes provinces".

L'armée dément la prise de l'aéroport mais assure que les FSR s'y sont "infiltrées et ont incendié des avions civils, dont un de la Saudi Airlines" --un incident confirmé à Ryad. Elle assure en outre avoir toujours le contrôle du QG de son état-major.

De leur côté, les FSR appellent la population à "se rallier à elles" et affirment aux militaires qu'elles ne "les visent pas eux, mais leur état-major qui les utilise pour rester sur son trône, quitte à mettre la stabilité du pays en péril".

Les habitants, eux, sont cloîtrés chez eux. "Comme tous les Soudanais, je reste à l'abri", a tweeté l'ambassadeur américain John Godfrey. "L'escalade des tensions entre militaires jusqu'à l'affrontement direct est extrêmement dangereuse. J'appelle les hauts commandants militaires à cesser immédiatement de se battre", a-t-il encore écrit.

"Surpris à 9h du matin"

L'armée accuse les FSR d'avoir déclenché les hostilités en attaquant des bases de l'armée "à Khartoum et ailleurs", a affirmé à l'AFP son porte-parole, le général Nabil Abdallah. Le général Burhane a ajouté dans un communiqué adressé à al-Jazeera q'il avait été surpris "par une attaque sur (son) QG à neuf heures du matin", sans préciser s'il s'y trouvait ou s'il avait été évacué.

Les FSR disent elles avoir été "surprises au matin par l'arrivée d'un important contingent de l'armée qui a assiégé leur camp de Soba", dans le sud de Khartoum, et les a "attaquées avec toutes sortes d'armes lourdes et légères".

Pour les experts, les deux commandants faisaient monter les enchères alors que civils et la communauté internationale tentent de leur faire signer un accord politique censé relancer la transition démocratique.

Le différend entre les deux hommes forts portent sur l'avenir des paramilitaires: l'armée ne refuse pas leur intégration aux troupes régulières mais elle veut imposer ses conditions d'admission et limiter dans le temps leur incorporation. Le général Daglo, lui, veut une inclusion large et, surtout, sa place au sein de l'état-major.

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