Kenya
L’Union africaine appelle au calme et au dialogue, face aux nombreuses manifestations qui sévissent au Kenya depuis la semaine dernière.
Le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a exprimé mardi sa profonde inquiétude face aux violences lors des manifestations au Kenya et appelle tous les acteurs à faire preuve de calme afin de régler les différends dans l’intérêt de l’unité nationale et de la réconciliation.
Ce plaidoyer intervient au lendemain de nouvelles manifestations émaillées de violences et de pillages, malgré la déclaration du gouvernement kenyan selon laquelle elles sont illégales.
Plus d'une douzaine de groupes de la société civile ont exprimé leur inquiétude dans une déclaration commune et ont exhorté les autorités à faire respecter le droit constitutionnel des personnes à manifester pacifiquement.
"Arrêtez cette folie", titre en une mardi le quotidien kényan Nation.
Mise sur pied au Kenya après les violences post-électorales meurtrières de 2007-2008, la Commission de la Cohésion et de l'Intégration nationales a elle aussi appelée au dialogue "pour faire avancer le pays".
Son président, Samuel Kobia, a mardi "condamné dans les termes les plus forts" les "destructions gratuites inacceptables".
Raila Odinga, chef de l’opposition, a appelé la population à manifester tous les lundi et jeudi contre le gouvernement du président William Ruto accusé pour le taux record d’inflation et de chômage dans le pays.
Depuis le début des manifestations deux personnes ont été tuées par balle et 23 policiers ont été blessés.
Destruction et pillages
La police a utilisé un canon à eau et des gaz lacrymogènes pour disperser les partisans. Le chef de la police, Japheth Koome, insiste sur le fait que les manifestations sont illégales, mais Raila Odinga affirme que les Kenyans ont le droit de manifester.
Les manifestations ont commencé la semaine dernière (20 mars). Lors de celle de la semaine dernière, Raila Odinga avait prévu de marcher jusqu'aux bureaux du président à State House, mais la police a érigé des barrières pour empêcher l'accès du public et les automobilistes ont été dirigés vers d'autres itinéraires.
Des centaines de pillards se sont également attaqué lundi à une exploitation agricole des faubourgs de Nairobi, appartenant à l'ancien président Uhuru Kenyatta, volant des moutons, abattant des arbres et incendiant une partie de l'exploitation.
M. Kenyatta a soutenu la candidature de M. Odinga lors de la présidentielle d'août dernier, après s'être brouillé avec M. Ruto qui était son vice-président jusque-là et durant ses deux mandats.
Une entreprise, propriété de M. Odinga, a également été la cible de pillards à Nairobi.
Cette violence suscite l'inquiétude des Kényans, déjà en proie à une flambée de l'inflation et à un fort chômage.
La police a assuré "avoir répondu rapidement" aux informations sur les violences touchant les propriétés de MM. Kenyatta et Odinga et "avoir empêché d'autres infractions".
"Notre enquête (...) a commencé et ceux reconnus coupables devront en répondre devant la loi", a indiqué M. Koome dans un communiqué.
Actuellement en visite officielle en Allemagne et en Belgique, le président Ruto avait appelé la semaine dernière son rival à "cesser de terroriser le pays" avec ces manifestations.
Chômage et taux d’inflation record
De nombreux Kényans luttent pour se nourrir normalement, confrontés à la hausse des prix des denrées, au plongeon de la monnaie locale et à une sécheresse inédite dans certaines parties du pays.
Pendant la campagne électorale, M. Ruto s'était présenté comme le défenseur des opprimés et avait promis d'améliorer le sort des Kényans ordinaires. Mais il a depuis supprimé les subventions du carburant et de la farine de maïs, denrée de base au Kenya, dont les prix ont augmenté dans la foulée.
L'organisme de régulation de l'énergie du Kenya a aussi récemment annoncé une augmentation des prix de l'électricité à partir d'avril, alors que William Ruto avait dit en janvier qu'il n'y en aurait pas.
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