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Tunisie : l'opposant Jawhar Ben Mbarek également arrêté

Tunisie : l'opposant Jawhar Ben Mbarek également arrêté
Photo d'archive du 17 décembre 2021, Jawhar Ben Mbarek, membre du Front du salut national (FSN) et leader des "Citoyens contre le coup d'État"   -  
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FETHI BELAID/AFP or licensors

Tunisie

Un virulent critique du président tunisien Kais Saied, Jawhar Ben Mbarek, a été arrêté dans le cadre d'un coup de filet contre l'opposition qui accuse le pouvoir de chercher à la museler alors que le pays est englué dans une grave crise sans issue en vue.

M. Ben Mbarek, 55 ans, est l'opposant le plus en vue à être interpellé dans le cadre d'une campagne d'arrestations lancée début février dans les milieux politiques et des affaires, sans précédent depuis que le président Saied a accaparé les pouvoirs en juillet 2021.

"Il a été arrêté tard dans la nuit et nous n'avons pas encore eu accès au dossier d'arrestation," a indiqué à l'AFP vendredi matin sa sœur, l'avocate Dalila Msaddek. La police avait retenu jeudi pendant quelques heures le père de M. Ben Mbarek, Ezzeddine Hazgui, également opposant.

Leader du mouvement "Citoyens contre le coup d'Etat", M. Ben Mbarek, est également l'un des principaux dirigeants du Front de salut national (FSN), la principale coalition de l'opposition qui a vu le jour après que M. Saied s'est arrogé les pleins pouvoirs en Tunisie, faisant vaciller la jeune démocratie issue de la première révolte du Printemps arabe en 2011.

Figure de la gauche tunisienne, Jawhar Ben Mbarek est un spécialiste en droit constitutionnel et ancien conseiller à la présidence du gouvernement.

Une vingtaine de personnalités ont été arrêtées en Tunisie depuis début février, une campagne décrite par Amnesty International comme une "chasse aux sorcières motivée par des considérations politiques".

L'activiste politique Khayam Turki, l'homme d'affaires Kamel Eltaïef, très introduit dans les milieux politiques, l'ex-ministre Lazhar Akremi et l'ex-responsable au mouvement Ennahdha Abdelhamid Jelassi, et le directeur de la radio privée Mosaïque FM Noureddine Boutar ont également été arrêtés.

M. Saied a qualifié les personnes arrêtées de "terroristes" et affirmé qu'elles étaient impliquées dans un "complot contre la sûreté de l'Etat". Avant M. Ben Mbarek, deux autres opposants, Issam Chebbi et Chayma Issa avaient été interpellés mercredi.

"Ce traitement infligé à des figures politiques de premier plan n'entamera pas notre détermination", a réagi auprès de l'AFP vendredi le chef du FSN, Ahmed Néjib Chebbi"Les agissements du pouvoir prouvent qu'il patauge et traduisent son échec à gérer le pays sur tous les niveaux: politique, économique, social et diplomatique", a-t-il ajouté.

Une autre composante du FSN, le parti islamo-conservateur Ennahdha, a fait part dans un communiqué de "sa solidarité avec Jawhar Ben Mbarek et sa famille" et condamné "les arrestations arbitraires qui ont ciblé les militants politiques de l'opposition, les syndicalistes, les journalistes et les hommes d'affaires".

Ennahdha, qui était la principale force politique dans le Parlement dissous par M. Saied lors de son coup de force, l'a accusé de "chercher à pourrir la situation pour cacher son échec et sa responsabilité dans la dégradation de la situation dans le pays sur tous les plan et l'imputer à l'opposition".

"Le message de ces arrestations est que si vous osez vous exprimer, le président peut vous faire arrêter et vous dénoncer publiquement pendant que ses affidés tentent de constituer un dossier contre vous sur la base des remarques que vous avez faites ou des personnes que vous avez rencontrées", a estimé vendredi dans un communiqué la directrice du bureau de Tunis de l'ONG Human Rights Watch (HRW), Salsabil Chellali.

Les arrestations surviennent alors que le pays traverse une grave crise économique marquée par des pénuries récurrentes de produits de base, que M. Saied ne cesse d'imputer à des hommes d'affaires cupides au service de politiciens cherchant à provoquer des troubles sociaux pour l'affaiblir.

Outre ses opposants, M. Saied s'en est pris cette semaine aux migrants clandestins originaires d'Afrique subsaharienne, qu'il a présentés comme une source de criminalité et une menace démographique pour la Tunisie, s'attirant un flot de critiques d'ONG qui ont dénoncé un discours "raciste et haineux".

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