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Afrique du Sud : de Ruyter parti, semaine tourmentée pour Eskom

Afrique du Sud : de Ruyter parti, semaine tourmentée pour Eskom
Un panneau d'Eskom, l'autorité sud-africaine de l'électricité, à côté de pylônes électriques près du Cap, le 22 janvier 2023   -  
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RODGER BOSCH/AFP or licensors

Afrique du Sud

La compagnie sud-africaine d'électricité Eskom, qui impose actuellement 12 heures de coupures de courant par jour au pays, a connu une semaine mouvementée avec l'entretien-choc de son patron démissionnaire qui a lancé de graves accusations de corruption jusqu'au plus haut niveau de l'Etat.

André de Ruyter, 52 ans, qui dirigeait l'entreprise publique minée par les scandales depuis plus de trois ans, avait présenté sa démission juste avant Noël, estimant n'avoir pas le soutien politique nécessaire pour redresser l'entreprise et l'assainir.

Mais le conseil d’administration lui avait demandé de rester à la barre jusqu'à fin mars. Eskom a fait volte-face mercredi, au lendemain de l'interview télévisée de M. de Ruyter, affirmant qu'il n'avait désormais plus "besoin d'effectuer le reste de son préavis".

Calib Cassim, directeur financier d'Eskom depuis 2018, va assurer l'intérim, a annoncé vendredi l'entreprise dans un bref communiqué.

Dans l'entretien de près d'une heure accordé à la chaîne privée eNCA, M. de Ruyter met en cause l'ANC, le parti au pouvoir depuis la fin de l'apartheid, affirmant que "des éléments tangibles" montrent qu'il bénéficie de détournements.

Le Congrès national africain (ANC) a vivement réfuté ces accusations, son secrétaire général Fikile Mbalula accusant M. de Ruyter d'"incompétence" et d'avoir échoué à redresser Eskom pour parvenir à une fourniture stable d'électricité au pays.

De Ruyter développe une série d'accusations lourdes dans son entretien. Il affirme notamment qu'un homme politique "haut placé", qu'il se garde d'identifier, est impliqué dans la grave corruption qui mine l'entreprise sous diverses formes et qu'au moins un ministre du gouvernement est au courant.

Lorsque le patron d'Eskom a évoqué ce politicien auprès du "ministre en question", ce dernier a regardé un haut responsable présent et dit : "c'était sans doute inévitable que cela sorte", raconte M. de Ruyter pour étayer ses accusations.

Personne au gouvernement n'a publiquement défendu M. de Ruyter qui dit avoir informé plusieurs ministres ainsi que des conseillers du président Cyril Ramaphosa de l'ampleur de la corruption au sein d'Eskom.

L'ex-patron affirme qu'un milliard de rands (soit l'équivalent de 52 millions d'euros) est détourné chaque mois de l'entreprise publique et que quatre cartels mafieux "sophistiqués et très organisés", situés dans la province charbonnière du Mpumalanga (est), se partagent le gâteau.

Il rappelle, à titre d'exemple, des surpaiements monstre identifiés auprès de fournisseurs pour l'achat de genouillères à destination d'ouvriers d'Eskom. Cet équipement coûte l'équivalent de 15 euros dans le commerce, Eskom a payé jusqu'à 4 000 euros pièce. La dénonciation de ce scandale, parmi d'autres, n'a donné lieu à aucune poursuite, s'indigne encore M. de Ruyter.

Il revient aussi en détail sur la tentative d'empoisonnement dont il a fait l'objet en décembre, quelques heures après avoir remis sa démission mais avant que celle-ci n'ait été rendue publique.

Des manutentionnaires réparaient dans son bureau la machine à café, à côté de laquelle était restée sa tasse personnalisée avec une phrase en afrikaans, raconte-t-il. La machine réparée, sa secrétaire lui sert un café.

Rien d'inhabituel sauf une drôle de texture de mousse, se souviendra-t-il plus tard. Au bout de 20 minutes, il est pris de nausées, tremble, devient "confus", essoufflé... Il est emmené d'urgence chez son médecin qui identifiera du cyanure en grande quantité dans son sang.

L'ex-patron dit ne pas savoir qui est derrière la tentative d'assassinat mais précise qu'un des techniciens affairé autour de la machine à café a ensuite "disparu".

André de Ruyter va désormais prendre des vacances en famille et "passer un peu de temps à l'étranger".

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