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Le Zimbabwe approuve une loi "draconienne" visant la société civile

Un homme passe devant le Parlement du Zimbabwe, le 21 novembre 2017 à Harare,   -  
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MUJAHID SAFODIEN/AFP or licensors

Zimbabwe

Le Zimbabwe a adopté une loi controversée qui vise, selon les critiques, à museler la société civile en plaçant les ONG sous la menace de sanctions sévères et d'un contrôle strict du gouvernement, à quelques mois des élections générales.

Le Sénat a voté mercredi soir ce texte déjà approuvé par l'Assemblée en décembre et que le président doit ratifier avant son entrée en vigueur.

Ce vote intervient alors que groupes de défense des droits et partis d'opposition dénoncent une répression accrue du gouvernement contre les voix dissidentes, en amont d'élections dont la date n'est pas encore fixée mais qui pourraient se dérouler en juillet.

La loi est "une mesure nécessaire pour améliorer l'administration, la responsabilité et la transparence de nos organisations caritatives", a justifié le ministre de la Justice Ziyambi Ziyambi, accusant certaines d'entre elles d'agir "de manière partisane en faisant passer de l'argent vers des partis ou candidats préférés".

"Nous ne pouvons pas courir le risque" que des ONG "à caractère public servent de couverture à des vols, détournements, fraude fiscale, blanchiment ou encore à des activités politiques partisanes", a-t-il insisté mercredi devant le Sénat.

La loi interdit aux organisations de la société civile de s'engager en politique et donne au gouvernement le pouvoir d'interférer dans leur gouvernance et leurs activités, notamment en modifiant leur gestion interne et leur financement.

Elle est assortie de sanctions sévères, les personnes qui l'enfreignent risquant jusqu'à un an de prison et la fermeture de leur organisation.

Le sénateur de l'opposition Morgen Komichi, seul à s'opposer au texte, l'a qualifié d'"obscène", soulignant que les ONG apportent un soutien essentiel en termes de santé, d'éducation ou de sécurité alimentaire. "Le Zimbabwe ne dispose pas d'une économie forte capable de subvenir aux besoins de tous les Zimbabwéens", a-t-il déclaré.

Loi "draconienne"

Pour certains groupes, la formulation large du texte de loi risque de criminaliser de facto l'activité de toute organisation mal aimée par le gouvernement.

D'autres avertissent que cela pourrait mener à des réductions drastiques de l'aide étrangère, qui passe par les ONG et qui est estimée la troisième source de revenus du Zimbabwe.

Le journaliste en vue et militant anticorruption Hopewell Chin'ono, qui a multiplié les séjours en prison en raison d'accusations d'incitation à la violence dans la foulée de tweets ou de déclarations, a dénoncé dans un tweet cette loi "draconienne".

"C'est le niveau le plus bas auquel un État moderne puisse arriver. Surtout un État qui est né de la lutte pour la liberté, l'indépendance et la démocratie", a déclaré Peter Mutasa, directeur de la Crisis in Zimbabwe Coalition, qui abrite plusieurs ONG. "On n'a jamais imaginé qu'on pourrait tomber aussi bas".

Selon lui, jusqu'à 18.000 personnes travaillant pour des ONG risquent de perdre leur emploi.

Ces organisations appuient des opérations gouvernementales dans des secteurs clé, fait aussi valoir Itai Rusike, directeur du réseau civique Community Working Group on Health. "Au lieu de restreindre leurs activités, le gouvernement ferait mieux de les encourager".

La tension monte au Zimbabwe alors que le président Emmerson Mnangagwa, qui a succédé au dirigeant de longue date Robert Mugabe en 2017, peine à atténuer la pauvreté, les coupures d'électricité chroniques et à maîtriser l'inflation.

Les avocats de défense des droits de l'Homme dénoncent des détentions arbitraires répétées sous Mnangagwa.

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