Qatar
"Historique", "On a attendu 36 ans !" Une immense clameur de joie a envahi le Maroc, qui s'est qualifié jeudi invaincu pour les 1/8 de finale du Mondial, pour la première fois depuis 1986.
De Casablanca à Rabat, de Marrakech à Salé, des quartiers huppés aux banlieues populaires, les scènes de liesse ont éclaté partout dans ce pays fou de foot.
Les célébrations se poursuivaient tard dans la soirée jeudi, dans une atmosphère bon enfant, au son des percussions et des chants de victoire.
Avenue Mohammed V, la grande artère de la capitale, les supporters tout habillés de rouge, enveloppés dans le drapeau national frappé de l'étoile verte, ont craqué des fumigènes, dans un vacarme assourdissant de klaxons.
La pluie, incessante depuis le matin, avait eu la délicatesse de s'arrêter un peu avant le coup de sifflet final.
En famille, ils s'étaient agglutinés devant les cafés, les précieuses chaises déjà occupées des heures auparavant.
Certaines banques avaient même fermé exceptionnellement plus tôt et le conseil hebdomadaire du gouvernement, qui se tient chaque jeudi, a été reporté à vendredi, ballon rond oblige.
"J’étais stressée mais ils nous ont éblouis ! Je commence à rêver de la coupe", confie Houda, 34 ans, sortie regarder le match dans un café du centre-ville avec sa petite fille. "Je ne regarde jamais le foot, sauf quand c’est l’équipe nationale", précise-t-elle.
"Ma joie est sans limite aujourd’hui. C’est un moment historique de voir le drapeau marocain aussi haut. De voir nos joueurs tout donner pour leur pays", exulte Mehdi Dida, 36 ans, un prof de math de Casablanca.
"Ça fait plaisir de voir une équipe marocaine menée par un entraîneur marocain se qualifier en huitième. C’est très fort", opine Paulin Amato, 29 ans, un Français résidant au Maroc.
"Cela prouve que le football, d’habitude dominé par les Européens, change. Cela renverse les équilibres et redistribue les cartes du football. C’est une bonne chose", analyse-t-il.
"Pont aérien"
Depuis le nul contre la Croatie (0-0), puis la spectaculaire victoire dimanche contre la Belgique (2-0), l'engouement pour les Lions de l'Atlas et leur coach Walid Regragui, aux manettes depuis seulement trois mois, va grandissant.
"Coupe du monde 2022 : Quand le Maroc tutoie les grands", résume le quotidien L'Economiste.
Et les réseaux sociaux s'enthousiasment quotidiennement au rythme du Mondial, faisant oublier la situation économique morose.
"Pourvu que ça dure, nous avons besoin de ces moments de joie", a dit à l'AFP Mohamed Elkho, 35 ans, un artiste-peintre de Salé, ville jumelle de Rabat.
Selon un sondage, les Marocains sont 20% à croire à la demi-finale et à peine moins à la finale.
Royal Air Maroc (RAM), la compagnie nationale, a d'ailleurs programmé un "pont aérien" avec le Qatar, en ajoutant des vols supplémentaires avant et après chaque match, pour la suite du tournoi.
Les fans marocains, qui rêvaient de rencontrer l'Allemagne - éliminée jeudi soir - pour venger la défaite cruelle contre la Mannschaft (0-1) en 1986 au Mexique, tombent sur un autre gros morceau: l'Espagne voisine, que beaucoup de Marocains espéraient ne pas affronter.
Il y a 36 ans, le Maroc était devenu la première équipe africaine et arabe à se hisser en 8e de finale. Un souvenir encore très vivace qui va laisser place à la génération 2022 alors que les Lions de l'Atlas sont la dernière nation arabe encore en lice au Qatar après les éliminations du pays hôte, de l'Arabie saoudite et de la Tunisie.
"Mon père et les gens de sa génération invoquaient toujours la génération de 1986. Maintenant, dans 20 ans, je pourrais parler avec mes enfants de la génération de 2022. C’est historique !", se réjouit un internaute.
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