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Sénégal : condamnation confirmée pour le maire de Dakar

Le maire de Dakar et opposant sénégalais Barthelemy Dias lors d'un rassemblement de l'opposition sénégalaise à la place de l'Obélisque à Dakar, le 8 juin 2022   -  
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Sénégal

La justice sénégalaise a confirmé mercredi la condamnation du maire de Dakar, Barthélémy Dias, à deux ans de prison, dont six mois ferme, dans une affaire d'homicide remontant à 2011, dans un contexte de tensions exacerbées entre l'opposition et le pouvoir.

Les avocats de Barthélémy Dias, maire de la capitale depuis février, député et bouillante figure de l'opposition au président Macky Sall, ont dit à l'AFP ne pas se satisfaire de cette décision et ont exprimé leur intention de se pourvoir en cassation.

"La bataille continue, c'est une bataille de principes qui n'a rien à voir avec la politique", a affirmé à l'AFP Me Demba Ciré Bathily dans les murs du tribunal de Dakar autour duquel les autorités avaient déployé des dizaines de policiers et de gendarmes et plusieurs engins anti-émeutes, en prévision d'éventuels heurts, qui n'ont pas eu lieu. Son client "a toujours contesté les faits", a rappelé Me Bathily.

Un recours serait suspensif et Barthélémy Dias conserve pour l'instant ses mandats, ont assuré ses conseils. Si la décision devenait définitive, il n'aurait pas à retourner derrière les barreaux, la prison ferme étant couverte par la détention provisoire qu'il a effectuée.

Mais l'enjeu politique réside dans ce qu'il adviendrait de ses mandats et le risque qu'il en soit déchu, avec pour toile de fond le rapport de force entre la ville de Dakar et l'exécutif, et pour ligne d'horizon la présidentielle de 2024.

Avant Barthélémy Dias, deux autres adversaires du président, l'ancien maire de Dakar Khalifa Sall (sans lien de parenté avec le président) et l'ancien ministre Karim Wade, fils d'ex-président, ont vu leur trajectoire interrompue par les ennuis judiciaires.

Un autre opposant éminent et allié de Barthélémy Dias, Ousmane Sonko, est quant à lui sous le coup d'une enquête pour viols présumés depuis 2021. Ousmane Sonko est candidat déclaré à la présidentielle. Les spéculations ont cours sur les ambitions de Barthélémy Dias. Tous crient au complot ourdi par le pouvoir, qui se défend d'instrumentaliser la justice.

Barthélémy Dias, 47 ans, était jugé en appel pour une vieille affaire de mort d'homme dans un contexte de violence électorale précédant la présidentielle de 2012, à une époque où il n'était encore que maire de Mermoz Sacré-Cœur, une des communes constituant la capitale.

Un lutteur, Ndiaga Diouf, décrit par l'opposition comme un nervi du régime, avait été abattu par balle en 2011 lors de l'assaut donné à la mairie de Mermoz Sacré-Cœur par de supposés sympathisants du Parti démocratique sénégalais, au pouvoir.

Barthélémy Dias est accusé d'avoir tiré sur Ndiaga Diouf. Jugé avec une douzaine d'autres à l'époque, il avait été condamné en 2017 à deux ans de prison, dont six mois ferme, pour "coup mortel". La cour d'appel a confirmé mercredi le jugement de première instance "dans toutes ses dispositions".

Cet arrêt était très attendu. Quand le procès en appel, maintes fois reporté, avait fini par se tenir en mars avec seulement deux prévenus, Barthélémy Dias avait plaidé la légitime défense, et contesté avoir été le seul à tirer.

Le parquet général avait requis contre lui cinq ans ferme. Une telle condamnation aurait été susceptible de provoquer de violentes protestations de ses sympathisants.

La confrontation politique est musclée depuis mars 2021. A l'époque, dans un climat social et sanitaire tendu, la mise en cause d'Ousmane Sonko pour viols présumés avait déclenché plusieurs jours d'émeutes qui avaient fait au moins une douzaine de morts.

Le Sénégal, souvent considéré comme un îlot de stabilité en Afrique de l'Ouest, a connu en juin de nouveaux affrontements qui ont fait plusieurs morts après l'invalidation d'une liste d'opposition aux législatives du 31 juillet.

Les législatives ont laissé le président Sall avec une majorité parlementaire minimale et une opposition considérablement renforcée. Les empoignades et les invectives auxquelles a donné lieu l'installation du Parlement la semaine passée sous la protection inédite des gendarmes augurent de relations encore plus dégradées, avec la présidentielle dans toutes les lignes de mire.

Barthélémy Dias s'était signalé en arrachant son micro à un député. Le flou entretenu par le président Sall sur sa candidature ou non à un troisième mandat pèse sur la scène politique.

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