Ethiopie
Le Comité de Protection des Journalistes alerte sur la détérioration de la liberté de la presse en Ethiopie, depuis le déclenchement du conflit dans le nord du pays en novembre 2020.
Au 1er décembre - date du recensement annuel de l'organisation-, 16 journalistes éthiopiens étaient emprisonnés, plaçant alors l'Ethiopie à égalité de l'Erythrée,en matière de répression des journalistes, souligne le CPJ dans un communiqué.
"Le conflit entre gouvernement fédéral et forces rebelles du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF) a déclenché une répression des médias qui a éteint la lueur d'espoir allumée par les premières réformes du Premier ministre Abiy Ahmed" dans ce qui fut "l'un des pays les plus censurés au monde" lorsque le TPLF gouvernait l'Ethiopie entre 1991 et 2018, selon le CPJ.
"La lutte pour le contrôle de la narration de la guerre est l'une des principales raisons de l'hostilité croissante envers la presse" en Ethiopie où "journalistes et commentateurs exprimant une voix discordante ou produisant un journalisme indépendant sont susceptibles d'être arrêtés, menacés, expulsés ou de subir d'autres formes d'attaques".
Selon l'organisation, 63 journalistes ont été arrêtés depuis le début de l'offensive gouvernementale contre les autorités rebelles du Tigré le 4 novembre 2020, dont huit sont toujours détenus au 1er août, plusieurs ont été agressés ou intimidés et deux ont été assassinés.
Le CPJ dénonce aussi l'abus de longues détentions provisoires de journalistes souvent sans inculpation ultérieure.
Dans un deuxième communiqué, le CPJ réclame ainsi la libération de Temesgen Desalegn, rédacteur en chef du magazine en langue amharique Fitih, en détention depuis le 26 mai et une vague d'arrestations dans la région de l'Amhara, où grandit un mécontentement contre le gouvernement.
Fin juillet, selon le CPJ, la Cour suprême a annulé la décision judiciaire remettant en liberté sous caution M. Temesgen, accusé de divulgation de secrets militaires et de publication d'informations inexactes, haineuses ou subversives visant à démoraliser la population, deux infractions passibles respectivement de cinq et dix ans de prison.
"Un abus tellement flagrant du système judiciaire est honteux", dénonce Muthoki Mumo, représentante du CPJ pour l'Afrique subsaharienne, demandant aux autorités de "cesser de criminaliser le travail journalistique".
La répression de la presse "intervient dans un contexte de violations des droits humains de la part de tous les belligérants", note également le CPJ qui a en juillet réclamé la libération de cinq journalistes détenus au Tigré, sous contrôle du TPLF.
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